8ème édition (Octobre 2008)

Date Published

Amand, A., Bard, D., & Silovsky, J. (2008). Meta-analysis of treatment for child sexual behavior problems: Practice elements and outcomes. Child Maltreatment, 13(2), 145-166.

Cette étude, réalisée par des chercheurs de l’Université Laval de Québec et du ‘Health Sciences Centre’ de l’Université de l’Oklahoma, a examiné les résultats de traitements donnés à des enfants canadiens et états-uniens âgés entre 3 et 12 ans et montrant des problèmes de comportement sexuel (PCS). Cette étude représente la seule tentative connue à examiner l’impact de problèmes de comportement sexuel au niveau des éléments de pratique.1 Les chercheurs ont utilisé une méta-analyse de modèle linéaire mixte afin de réviser 11 études de résultats de traitements explorant la relation entre les caractéristiques des enfants, les caractéristiques de traitements et les résultats à court terme (i.e. les changements dans les problèmes de comportements sexuel et général).

Les résultats ont montré que les interventions axées sur les PCS et celles axées sur les traumatismes réduisaient les PCS. L’élément de pratique ‘aptitudes en gestion du comportement des parents’ de la personne en charge était de loin l’élément de pratique le plus fortement associé avec les problèmes de comportement sexuel réduits. Les autres éléments de pratique significatifs sont :

  • trois autres éléments reliés aux parents (les règles concernant le comportement sexuel, l’éducation sexuelle, et les aptitudes de prévention de l’abus),
  • un élément relié à l’enfant (les aptitudes de contrôle de soi),
  • l’implication de la famille, et
  • le groupe d’âge préscolaire.

Les résultats remettent en question la validité de l’approche clinique courante prônant l’utilisation d’éléments de pratique originalement conçus pour des contrevenants juvéniles ou adultes (composantes axées sur l’enfant pour la prévention de récidive, le cycle d’assaut, et le reconditionnement de l’excitation) dans le traitement de PCS chez les enfants. Seulement deux des traitements testés comprenaient ces éléments de pratique, et ces éléments n’étaient pas prédicateurs significatifs de l’ampleur de l’effet des PCS.

Les limites de cette méta-analyse comprennent le nombre limité d’études de résultats de traitements rencontrant les critères d’inclusion, ainsi que la qualité de ces études : peu d’essais cliniques randomisés ont été réalisés pour le traitement de PCS. De plus, en raison du petit nombre de groupes de traitement identifiés, l’analyse a fait effondrer ou agréger certaines covariables. L’ampleur de la stratégie de recherche et la rigueur des méthodes de filtrage étaient moins qu’optimales, introduisant probablement un biais lors de la révision. Le fait de généraliser ces résultats pour tous les futurs essais de PCS devra être fait avec prudence.

1. Un élément de pratique peut être défini comme une technique clinique distincte ou comme une stratégie utilisée dans le cadre d’une intervention plus large.


Gonzalez , M., Durrant, J., Chabot, M., Trocmé, N., & Brown, J. (2008). What predicts injury from physical punishment? A test of the typologies of violence hypothesis. Child Abuse & Neglect, 32, 752-765.

Dans cette étude, des chercheurs de l’Université du Manitoba, de l’Université McGill et de l’Université de Western Ontario ont examiné l’étendue à laquelle les blessures infligées à des enfants lors des signalements de cas de violence physique pouvaient être prédits par les caractéristiques des enfants, les caractéristiques des auteurs, ou leurs caractéristiques socio-économiques. L’étude a testé la supposition selon laquelle des incidents de violence physique infligés à des enfants occasionnant des blessures physiques sont qualitativement différents de ceux n’occasionnant pas de blessures. Travaillant à partir d’une base de données – provenant de l’Étude d’incidence canadienne – de 8164 cas corroborés de maltraitance physique infligée par au moins un parent biologique dans lesquels un intervenant a jugé qu’il y avait eu punition inappropriée, les chercheurs ont construit plusieurs modèles afin de prédire les blessures. Les blessures avaient préalablement été enregistrées en tant que sévices physiques dans plusieurs catégories, mais puisqu’il y avait relativement peu de blessures, cette étude a seulement cherché à prédire si un enfant avait été blessé ou non (i.e., le type de blessure ne pouvait pas être prédit).

Les résultats montrent que plus de la moitié des incidents d’abus n’ont pas occasionné de blessures chez l’enfant, et qu’aucun des prédicateurs potentiels (âge de l’enfant, sexe de l’auteur, fonctionnement de l’enfant, fonctionnement du parent, stress économique et stress social) ne prédisaient de blessures à l’enfant. Les résultats suggèrent que la violence physique occasionnant des blessures ne peut pas être distinguée de la violence physique n’occasionnant pas de blessures si on se base sur les caractéristiques ou les circonstances personnelles de l’enfant ou de l’auteur.

Implications pratiques : Il est souvent demandé aux travailleurs en protection de l’enfance de prédire si un enfant est à risque de blessure lorsqu’ils doivent prendre la décision d’intervenir dans des situations de maltraitance potentielle. Les résultats de cette étude suggèrent que dans les cas corroborés d’abus parental dans un contexte de punition, les blessures ne peuvent pas être prédites par plusieurs des facteurs que les travailleurs en protection de l’enfance doivent considérer, incluant la vulnérabilité physique de l’enfant, le fonctionnement psychologique de l’enfant ou du parent, ou le stress social. Ceci suggère que le fait de prédire des blessures en utilisant ces simples facteurs comme critères d’intervention pourrait s’avérer d’une validité questionnable.


Laporte, Lise (2007). Un défi de taille pour les centres jeunesse. Intervenir auprès des parents ayant un trouble de personnalité limite. Santé mentale au Québec, 32(2), 97-114.

Une enquête exploratoire réalisée auprès de 68 intervenants du Centre jeunesse de Montréal-Institut universitaire révèle que 39 % des 1030 enfants à leur charge ont au moins un parent qui souffre d’un trouble mental. Parmi ces parents, 48 % des mères et 30 % des pères ont un trouble de la personnalité, la majorité d’entre eux présentant un trouble de personnalité limite. Ce problème est fort préoccupant en raison de son ampleur, de son impact sur les enfants et sur les intervenants, et des difficultés d’intervenir auprès de ces parents en contexte d’autorité et au sein d’une organisation mal adaptée à cet égard. Quelques repères pour guider cette intervention sont présentés ainsi que certains défis et perspectives d’avenir.