Édition spéciale : l'Institut de recherche pour le développement social des jeunes (IRDS)

Date Published

Résumés de recherches produites à l'IRDS et publiés dans la Revue de Psychoéducation, volume 36, numéro 2 (2007) 


L'Institut de recherche pour le développement social des jeunes (IRDS), créé en 1995 et mis sur pied par le Centre jeunesse de Montréal-Institut universitaire et la participation conjointe de l'Université de Montréal et de l'Université du Québec à Montréal, a reçu le mandat de faire de la recherche dans le domaine particulier de la violence chez les jeunes, qu'il s'agisse de la violence qu'ils subissent ou de la violence qu'ils manifestent.


Bigras, M. (2007). Dix années de recherche à l'IRDS pour contrer les méfaits de la violence chez les jeunes des Centres jeunesse. Revue de Psychoéducation, 36(2), 263-272.

La conception de la violence retenue par l'IRDS comprend tout autant la violence agie que la violence subie. Les solutions mises de l'avant pour en réduire les conséquences destructrices reposent sur les stratégies de recherche suivantes: 1) mieux connaître les divers torts subis par les enfants et l'évolution de cette problématique pour, entre autres, alerter la population et promouvoir les programmes d'intervention précoces; 2) mieux connaître les auteurs de la violence, les facteurs de risque dans l'environnement familial tels que les conflits conjugaux, les problèmes de santé mentale; 3) déterminer quels seraient les facteurs de protection tels que la stabilité des liens familiaux.


Chagnon, F. (2007). Le suicide chez les jeunes en Centre jeunesse: où en sommes-nous et quels sont les défis pour la prévention? Revue de Psychoéducation, 36(2), 273-278.

Cet article dresse un portrait des avancées réalisées au cours des dix dernières années en prévention du suicide chez les jeunes en centres jeunesse. On y présente d'abord une synthèse des connaissances développées par la recherche en ce domaine. On y fait état des taux exceptionnellement élevés de suicides et de comportements suicidaires chez ce groupe de jeunes, des aspects liés aux différences de genre et de l'importance de la concomitance. L'article présente les principaux facteurs de risque du suicide tels que retrouvés chez les jeunes en centre jeunesse et décrit notamment la concomitance entre troubles mentaux, des troubles de consommation d'alcool et de drogues. Le rôle des événements de vie et des facteurs de protection du suicide est aussi abordé, de même que les projets innovants en matière de concertation développés afin de mieux traiter ces jeunes et prévenir le suicide. Enfin, on décrit par la suite les défis prioritaires en matière de prévention du suicide et de ses impacts chez les jeunes en centre jeunesse, notamment la nécessité de cibler le développement de nouveaux traitements mieux adaptés à la situation particulière des jeunes en centre jeunesse.

 
Paquette, D. (2007). Perspectives nouvelles sur l'attachement à partir d'études sur les problèmes extériorisés des enfants. Revue de Psychoéducation, 36(2), 279-288.

Cet article présente comment, au cours des dix dernières années, mes travaux de recherche sur l'agression physique et les problèmes extériorisés chez les enfants de moins de six ans ont contribué au domaine de l'attachement. Le suivi longitudinal d'une cohorte d'enfants de mères adolescentes a montré que l'attachement mère-enfant est associé aux comportements antisociaux des filles mais pas à ceux des garçons. Ces travaux ont mené à un projet permettant d'explorer le rôle des jeux de bataille père-enfant dans la socialisation de l'agressivité des enfants, tout particulièrement des garçons. Par la suite, la théorie de la relation d'activation a été développée afin de mieux comprendre la contribution des pères pour l'attachement et le développement de l'enfant. L'article se termine en soulignant l'importance maintenant accordée à la problématique de l'attachement par le Centre jeunesse de Montréal-Institut universitaire dans l'intervention auprès des jeunes enfants en difficulté.

 
Turcotte, G. (2007). Le projet MAP à Montréal. Pour favoriser l'insertion socioprofessionnelle de femmes chefs de familles monoparentales. Revue de Psychoéducation, 36(2), 289-304.

Cet article vise à témoigner d'une expérience de rechercheaction qui a conduit à la création d'un organisme voué à l'insertion socioprofessionnelle de femmes chefs de familles monoparentales à faibles revenus avec enfants d'âge préscolaire: le projet MAP (Mères avec pouvoir) à Montréal. Avec un cadre de référence axé sur l'approche écologique, le développement du pouvoir d'agir et l'action intersectorielle, le projet a été implanté dans deux sites, à Longueuil et dans le quartier Centre-Sud à Montréal. À Montréal, l'approche globale se concrétise par la création d'une ressource résidentielle offrant divers types de soutien aux projets d'insertion des femmes : un logement subventionné, l'accès à un centre de la petite enfance adjacent aux logements et l'accompagnement par une équipe d'intervention. Le projet a été conçu par un groupe d'intérêt de l'IRDS et s'est développé avec la collaboration d'une vingtaine de partenaires représentant divers secteurs d'activité de la communauté.


Hélie, S. (2007). Surveillance en protection de la jeunesse: le tango des chiffres. Revue de Psychoéducation, 36(2), 305-316.

Estimer la fréquence des mauvais traitements envers les enfants pose plusieurs défis d'ordres conceptuel, méthodologique et technique. La façon de concevoir la maltraitance et d'en mesurer la fréquence influencera l'estimé obtenu, ce qui jouera ultérieurement sur les services à offrir pour prévenir le problème, notamment en protection de la jeunesse. À leur tour, ces services doivent être documentés et leur efficacité évaluée, ce qui pose encore d'autres défis. Pensons par exemple aux indicateurs dits "de performance" que sont le taux de récurrence, la durée moyenne d'intervention et le taux de discontinuité dans les services. Le but du présent texte est de réfléchir à notre manière d'utiliser les chiffres en protection de la jeunesse, une réflexion qui révélera l'urgence d'établir des indicateurs fiables pour le suivi du phénomène des mauvais traitements et des pratiques. Des pistes d'action concrètes sont suggérées pour améliorer notre compréhension, notre connaissance et notre surveillance du phénomène de la maltraitance.


Lavergne, C. (2007). Violence conjugale et mauvais traitements envers les enfants: phénomènes reliés mais envisagés dans des paradigmes distincts. Revue de Psychoéducation, 36(2), 317-328.

Les données dont on dispose actuellement font ressortir que la présence de violence conjugale est relativement fréquente dans les situations familiales où les enfants sont victimes de mauvais traitements, et que ces situations sont en général plus graves et complexes. Bien que la violence au sein de la famille soit considérée depuis plusieurs années comme un problème social d'importance, celle-ci est encore souvent abordée de manière morcelée tant sur le plan de l'intervention et que de la recherche. Le présent article se veut une synthèse des apports récents de la recherche sur la cooccurrence de violence conjugale et de maltraitance envers les enfants au plan de l'ampleur et des conséquences du phénomène pour les jeunes victimes et pour le rôle parental ainsi qu'à celui de la complexité des dynamiques de violence et de la diversité des besoins des différents membres de la famille aux prises avec de tels problèmes. L'article aborde également les facteurs qui font actuellement obstacle au développement d'une intervention efficace, cohérente et concertée et discute des conditions qu'il faudrait mettre en place pour y parvenir.


Malo, C. (2007). Y a-t-il un lien entre le décrochage scolaire et le décrochage social chez les jeunes présentant des troubles de comportement? Revue de Psychoéducation, 36(2), 329-340.

Le Québec, comme plusieurs sociétés occidentales, est préoccupé par le taux de décrochage scolaire de ses adolescents. On connaît maintenant assez bien les facteurs de risque de ce décrochage, qui touchent tantôt le parcours scolaire, le climat scolaire actuel, les difficultés familiales, ou les caractéristiques personnelles des jeunes et de leurs parents. On reconnaît aussi que ce décrochage s'inscrit souvent à la source d'un lent processus de marginalisation sociale. Plus récemment, des chercheurs commencent à s'intéresser au concept plus large de décrochage social chez les jeunes, défini comme un processus de désaffiliation s'aggravant avec l'accumulation des ruptures, non seulement face à l'école mais face aux autres institutions et aux valeurs sociétales en place. Mais peu d'études ont documenté le lien éventuel entre le décrochage scolaire et un décrochage social plus large. Ce lien est possible notamment chez les jeunes présentant des troubles de comportement, qui reflètent déjà souvent une certaine forme de rupture sociale. Cet article présente une étude en cours, à la fois exploratoire, qualitative et prospective, auprès de 30 jeunes de Montréal fréquentant une école spéciale à cause de leurs difficultés de comportement. Cette étude vise à mieux comprendre les trajectoires pouvant conduire certains de ces jeunes vers un décrochage social, alors que d'autres finissent par bien s'insérer socialement. D'autre part, elle vise à cerner le sens particulier du décrochage scolaire chez ceux qui en font l'expérience, et la place qu'il pourrait prendre dans un processus plus large de décrochage social.


Malo, C. (2007). Les mauvais traitements psychologiques envers les enfants, pourquoi et comment en tenir compte dans la pratique en centre jeunesse. Revue de Psychoéducation, 36(2), 341-352.

Ce n'est que depuis juillet dernier, depuis l'entrée en vigueur du projet loi 125 modifiant l'actuelle loi québécoise de la protection de la jeunesse, que les mauvais traitements psychologiques envers les enfants sont spécifiquement reconnus comme un motif recevable de signalement. Pourtant, la question préoccupe depuis plusieurs dizaines d'années les chercheurs et les cliniciens dans le domaine, au Québec comme partout en Amérique du Nord. Ce retard est dû en partie aux nombreuses controverses ayant entouré ce concept, qui ont grandement complexifié le développement des connaissances, et bien sûr à la nature même des mauvais traitements psychologiques, qui sont assurément plus difficiles à dépister que les autres formes de maltraitance envers les enfants. Ce dépistage est d'autant plus difficile que les impacts négatifs de ces mauvais traitements ne sont pas toujours apparents à court terme. Le présent article fait le point sur les controverses mentionnées et sur les consensus émergeants, sur l'ampleur du phénomène au Québec et au Canada, et sur ses impacts connus. Suivront la présentation du Guide de soutien à l'évaluation du risque de mauvais traitements psychologiques envers les enfants (Malo & Gagné, 2002) récemment élaboré à l'IRDS, de même que la présentation de la formation connexe. Finalement, il sera question des écueils relatifs à la diffusion de cet outil et des perspectives de développement.

Référence
Malo C., & Gagné, M.-H. (2002). Guide de soutien à l'évaluation du risque de mauvais traitements psychologiques envers les enfants. Montreal: Institut de recherche pour le développement social des jeunes et Centre jeunesse de Montréal-Institut universitaire.


Mayer, M. (2007). La pauvreté comme facteur de risque de négligence. Revue de Psychoéducation, 36(2), 353-362.

Les premières recherches sur le phénomène de la négligence envers les enfants ont conclu que les familles concernées étaient les plus pauvres parmi les pauvres, et ce constat s'est répété systématiquement depuis. Cependant, cette dimension de la problématique de la négligence a été peu approfondie dans les recherches et dans les guides d'intervention. Les raisons du lien entre la pauvreté et la négligence et les implications concrètes de ce lien pour l'intervention sont rarement abordées et très peu développées dans les travaux. L'article vise à regrouper les données de recherche et les réflexions des auteurs sur cette question. Il précise le concept de pauvreté en fonction des dimensions retenues dans les recherches et note les dimensions de ce concept qui exercent une influence particulière sur le risque de négligence. Il décrit ensuite les différentes interprétations possibles du lien entre la pauvreté et le risque de négligence et leurs implications pour la programmation et l'intervention. Compte tenu de l'importance qu'occupe la pauvreté dans la problématique de la négligence, on peut conclure qu'une intervention directe ou indirecte sur ce facteur apparaît incontournable si l'on vise, avec une efficacité minimale, à diminuer les taux de négligence sans cesse croissants.