4ème édition (Février 2008)

Date Published

Bourassa, C. (2007). Co-occurrence of interparental violence and child physical abuse and its effect on the adolescent's behavior. Journal of Family Violence, 22(8), 691 - 701.

On a effectué une étude auprès d'adolescents francophones fréquentant des écoles secondaires au Nouveau-Brunswick afin d'établir l'incidence sur leurs comportements qu'avait la concomitance de deux formes de violence au sein de leur famille, soit la violence parent-enfant et la violence entre conjoints. Les résultats ont démontré que la moitié des adolescents qui ont répondu au questionnaire avaient été exposés au moins une fois à de la violence familiale au cours des cinq dernières années et que pratiquement le tiers de ces adolescents avaient subi de la violence physique aux mains d'un de leurs parents. Il a été démontré que la concomitance de la violence entre parents et de la violence envers les enfants avait une incidence néfaste sur les comportements beaucoup plus grave que la seule exposition à la violence entre parents. Ainsi, les enfants qui avaient été victimes de violence et témoins de gestes d'agression entre leurs parents affichaient des symptômes d'internalisation et d'externalisation qui entraient plus souvent dans la catégorie des symptômes cliniques. Il reste que la simple exposition à la violence conjugale entraîne également des effets négatifs. Par exemple, les adolescents qui en avaient été témoins présentaient des symptômes d'internalisation et d'externalisation beaucoup plus souvent que ceux qui n'avaient jamais été exposés à de la violence physique ou familiale.


Chamberland, C., Fortin, A., & Laporte, L. (2007). Establishing a relationship between behavior and cognition: Violence against women and children within the family. Journal of Family Violence, 22(6), 383-395.


Cette étude visait à répondre à deux questions, à savoir 1) dans quelle mesure les cognitions (conceptions mentales) au sujet de la violence visant les femmes et les enfants au sein de la famille sont-elles des facteurs contribuant à la violence dont ces catégories de personnes sont victimes? et 2) dans quelle mesure les adultes ayant une conception étroite de la violence à l'endroit des femmes ont-ils également une conception étroite de la violence à l'endroit des enfants? Dans le cadre de cette étude, 62 parents, tous natifs du Québec, se sont prêtés à une batterie de tests visant à évaluer leurs conceptions de la violence physique et psychologique ainsi que leur propension à adopter des comportements violents à la maison. Aucun des répondants n'avait commis d'actes de violence grave envers des femmes ou des enfants par le passé. Les chercheurs ont constaté que les parents interrogés reconnaissaient plus facilement la violence physique que la violence psychologique, qu'ils la jugeaient plus sévèrement et qu'ils y avaient recours plus souvent contre leurs enfants que contre leur conjoint. Il semble exister une forte corrélation entre les cognitions de la violence contre les femmes et la violence exercée par les parents contre leurs enfants. Les résultats indiquent ainsi un lien entre la conception de la violence contre les femmes et la violence contre les enfants.


Lévesque, S., Clément, M.È., & Chamberland, C. (2007). Factors associated with co-occurrence of spousal and parental violence: Quebec population study. Journal of Family Violence, 22(8), 661-674.

Cette étude visait à établir les différences entre trois catégories de familles : 1) les familles dans lesquelles s'exerce de la violence entre conjoints, 2) les familles où les enfants sont victimes de violence commise par leurs parents et 3) les familles où il les deux formes de violence, familiale et parentale, coexistent. Les auteurs souhaitaient également documenter les facteurs liés aux trois groupes étudiés et mettre au point un modèle explicatif des différents types de violence en rapport avec le schéma typologique familial. L'étude a été réalisée sur un échantillon de 3 148 mères, choisies parmi les répondants à un sondage sur la violence familiale réalisé au Québec en 2004.

L'étude a révélé que les individus du groupe présentant les deux formes de violence avaient davantage été victimes de violence familiale dans leur enfance, ils avaient un niveau d'instruction plus faible et avaient une perception plus sombre de leur relation avec leur conjoint, de leur situation financière et de leur isolement que ceux des deux autres groupes. C'est également dans ce groupe que les mères ont déclaré les niveaux de stress parental les plus élevés. Il n'y avait cependant aucune différence entre les trois groupes quant aux revenus.

L'étude a toutefois fait ressortir des différences importantes entre les trois groupes en ce qui a trait aux croyances et aux conceptions relatives à la violence parentale. Les mères du groupe où s'exerçait de la violence parentale avaient davantage tendance à justifier ce comportement par la mauvaise conduite des enfants.

Ces résultats mettent en lumière la vulnérabilité sociale des familles où coexistent plusieurs formes de violence et révèlent l'existence de liens complexes entre de nombreuses variables dans les contextes de violence familiale, ce qui réfute la thèse voulant que la violence familiale soit uniquement fonction des déterminants de l'agresseur et de la victime.


Mayer, M., Lavergne, C., Tourigny, M., & Wright, J. (2007). Characteristics differentiating neglected children from other reported children. Journal of Family Violence, 22(8), 721 - 732.


À partir de données compilées dans l'Étude d'incidence québécoise (EIQ), les auteurs de cette recherche se sont employés à définir les signes distinctifs des enfants victimes de négligence et à mesurer l'importance relative de chacun de ces signes. Pour ce faire, ils ont eu recours à des analyses de régression à variable simple et à variables multiples pour établir quels facteurs associés à la négligence étaient les plus significatifs. Comparativement aux enfants victimes d'autres formes de mauvais traitements, les enfants négligés avaient tendance à être plus jeunes, ils étaient plus souvent connus des services de protection de l'enfance, avaient davantage de risque d'être victimes de violence chronique, étaient plus souvent issus de familles monoparentales et appartenaient à des familles plus nombreuses. L'étude a en outre révélé que ces enfants souffraient davantage de problèmes économiques, sociaux et psychologiques. Les auteurs ont conclu qu'à de nombreux égards, les enfants victimes de négligence vivaient souvent dans des conditions plus difficiles que celles que connaissent les enfants victimes d'autres formes de mauvais traitements.


Nixon, K.L., Tutty, L.M., Weaver-Dunlop, G., & Walsh, C.A. (2007). Do good intentions beget good policy? A review of child protection policies to address intimate partner violence. Children and Youth Services Review, 29(12), 1469-1486.

Cet article, écrit par des chercheurs de l'Alberta, décrit les effets attestés de façon scientifique qu'a l'exposition à la violence conjugale chez l'enfant et présente une analyse de diverses politiques et lois sur la protection de l'enfance en vigueur en Australie, au Canada, en Nouvelle-Zélande et aux États Unis. Il ressort de cette étude que les lois ou politiques qui assimilent l'exposition des enfants à la violence conjugale à une forme de mauvais traitements peuvent contribuer à victimiser davantage les femmes et leurs enfants et même à exacerber leurs problèmes dans certains cas. Dans leur étude, les auteurs ont analysé un échantillon de politiques de protection de l'enfance adoptées par plusieurs pays développés, afin d'illustrer les différents traitements réservés par celles-ci à l'exposition des enfants à la violence conjugale, ils discutent également des répercussions éventuelles de ces politiques pour les mères et leurs enfants victimes de violence et donnent de nombreuses options de rechange.


Parent, C., Saint-Jacques, M.-C., Beaudry, M., & Robitaille, C. (2007). Stepfather involvement in social interventions made by youth protection services in stepfamilies. Child & Family Social Work, 12(3), 229-238.


Même si l'on reconnaît de plus en plus que la participation active des parents dans les interventions en protection de l'enfance est bénéfique, il arrive encore que les intervenants sociaux marginalisent le rôle des figures paternelles dans la famille, en particulier lorsqu'il ne s'agit pas du père biologique des enfants. Cette étude qualitative s'intéresse à la perception qu'ont les travailleurs sociaux oeuvrant dans les centres jeunesse du Québec (population de 22) des hommes entretenant une relation avec des femmes qui ont eu des enfants d'une union précédente. Ces hommes sont appelés « pères adoptifs ». À partir des représentations sociales élaborées par les travailleurs sociaux, on a pu établir trois modèles de pères adoptifs : 1) les hommes considérés comme des membres de la famille qui étaient intégrés à celle-ci depuis plusieurs années et qui avaient développé des liens affectifs avec les enfants; 2) les hommes qui interagissaient de façon indirecte avec les enfants pour appuyer la mère dans son rôle parental; 3) les hommes qui étaient en relation avec la mère mais qui avaient un engagement au mieux négligeable envers les enfants. Les travailleurs sociaux disposent d'une variété de stratégies pour inclure les pères adoptifs dans leurs interventions, selon la perception qu'ils ont de leur rôle comme modèle de ressources et des caractéristiques propres à chaque dossier. Les critères mis de l'avant par les travailleurs sociaux dans cette étude pourraient servir de guide aux autres intervenants sur la place à accorder aux pères adoptifs dans leurs interventions et sur la façon de les y inclure. L'étude a notamment permis de constater que les travailleurs sociaux devaient disposer de meilleurs indicateurs pour traiter les dossiers où les pères adoptifs sont un facteur.