16ème édition (Décembre 2009)

Date Published

Jack, S. M., Jamieson, E., Wathen, C. N. & MacMillan, H. L. (2008). The feasibility of screening for intimate partner violence during postpartum home visits. Canadian Journal of Nursing Research, 40(2), 150-170.

La violence entre partenaires intimes (VPI) représente un grave problème de santé publique : 7 % des femmes au Canada on subi une forme ou une autre de violence conjugale en 2004; le taux de prévalence chez les femmes enceintes se situe entre 6 et 8 %. Les organisations recommandent un dépistage universel de la VPI. Il y a un débat et une pénurie de documentation sur l’efficacité du dépistage universel de la VPI. La présente étude qualitative vise à examiner les perceptions de six infirmières de santé publique (ISP) concernant ce type de dépistage pendant les visites à domicile de 37 femmes. Ces 37 femmes ont été réparties aléatoirement selon trois méthodes d’enquête : des entrevues en personne (n=13), des auto-évaluations écrites (n=16) et des auto-évaluations par ordinateur (n=8). Les ISP ont ensuite effectué des entrevues individuelles semi-structurées en profondeur. Les objectifs étaient : 1) d’examiner les perceptions des ISP sur le dépistage de la VPI; 2) d’étudier la faisabilité, à partir des perceptions des ISP, de ce dépistage pendant les visites à domicile, y compris de déterminer les obstacles qui pourraient se présenter; 3) de décrire les circonstances dans lesquelles les ISP posent des questions sur la VPI et 4) de décrire la formation des ISP en ce qui a trait à la façon d’aborder la VPI.

Les ISP pensent que le dépistage universel de la VPI serait utile, cependant, les obstacles découverts sont les suivants :1) la présence du partenaire pendant la visite, 2) la présence des autres membres de la famille y compris des enfants de plus de 18 mois, 3) le manque de temps, 4) le respect du temps et des priorités du client et 5) les barrières de langue. Les ISP pensent que le dépistage universel serait bénéfique pour les femmes uniquement si les ISP savaient comment répondre aux divulgations d’abus et si elles possédaient les compétences pour le faire. Étant donné ces résultats et l’absence de données probantes sur la réduction de la violence à la suite de dépistage, les auteurs concluent que le dépistage universel de routine de la VPI pendant les visites postpartum est d’une acceptabilité et d’une faisabilité limitées. Les auteurs recommandent que les ISP décident quand et comment poser des questions sur la VPI en utilisant leur expertise, leur jugement et leurs connaissances des signes et des symptômes.


Brown, L., Callahan, M., Strega, S., Walmsley, C., Dominelli, L. (2009). Manufacturing ghost fathers: The paradox of father presence and absence in child welfare. Child & Family Social Work, 14(1), 25-34.

Cette étude se penche sur l’invisibilité des pères dans le système de protection de l'enfance au Canada. Les auteurs examinent les politiques de protection de l'enfance qui semblent promouvoir et renforcer le « désengagement » du père, à la fois relativement à la maltraitance, à sa participation et à son inclusion dans les services de protection de l'enfance. Cette étude comprend une recension de 116 dossiers de protection de l'enfance sélectionnés aléatoirement dans une agence de protection de l'enfance d’une ville de taille moyenne au Canada. Les analyses de politiques, de pratiques, de littérature, d’études de cas démontrent l’omniprésence de la non-pertinence des pères dans le système de protection de l'enfance. L’étude révèle que presque 50 % des pères sont considérés comme non pertinents pour les mères et les enfants; que les agences de protection de l'enfance ne communiquent pas avec plus de 60 % des pères jugés représenter un risque pour les enfants et dans la moitié des cas, ne communiquent pas avec eux lorsqu’ils représentent un risque pour la mère.

Les agences de protection de l'enfance ne pensent pas souvent aux pères comme ressource pour le placement, même lorsque l'enfant est placé sous tutelle permanente. De plus, souvent, les mères ne les mentionnent pas pour des raisons économiques et liées aux prestations d’aide sociale. Les jeunes blanches qui travaillent sont majoritaires à promouvoir la mère comme protectrice et agente responsable du changement chez le père, même si c’est elle qui est la victime. De plus, l’étude souligne que la formation en travail social ne traite pas de la participation des pères, ce qui accentue la responsabilité des femmes et l’invisibilité des hommes en ce qui a trait aux soins dispensés à l’enfant dans le système de protection de l'enfance.


Cyr, M. and M. E. Lamb (2009). Assessing the effectiveness of the NICHD investigative interview protocol when interviewing French-speaking alleged victims of child sexual abuse in Quebec. Child Abuse & Neglect, 33(5), 257-268.

De nombreuses études ont examiné l’efficacité du protocole d’entretien du NICHD utilisé pour faire enquête auprès de victimes présumées d’agression sexuelle. C’est la première fois que des chercheurs qui n’ont pas contribué à la mise au point de l’outil l’utilisent et ils espèrent prouver qu’on peut l’appliquer aux enfants francophones. Quatre-vingt-trois entretiens de ce type, conduits par des policiers et des travailleurs sociaux à la suite d’une allégation d’agressions sexuelles ont été comparés à 83 autres entretiens, recueillis avant que ces professionnels ne soient formés à la nouvelle technique (n=166). Les entretiens ont été menés auprès d’enfants âgés de 3 à 13 ans (âge moyen de 9 ans, écart-type 2,5) présumés victimes d’agressions sexuelles, dont 60 % étaient de sexe féminin. Les auteurs présumés étaient les membres de la famille immédiate (55 %), les membres de la famille élargie (12 %), les connaissances (28 %) et les étrangers (4 %). Le protocole a été divisé en trois catégories : introductives, principales et conclusives. Chaque regroupement a été traduit en français et uniquement les parties principales de l’entretien ont été codées. Les détails ont été catégorisés comme essentiels ou accessoires.

Les entretiens basés sur le protocole fournissent des informations plus « essentielles » que les entretiens non basés sur le protocole. Les invitations ouvertes étaient trois fois plus courantes alors que les questions à options plus directives ou les énonciations suggestives étaient moins courantes dans les entretiens basés sur le protocole. L’application du protocole a permis à l’interviewer de poser un moins grand nombre de questions (25 %) pour obtenir le même type d’information. Cependant, les auteurs ont découvert qu’une rétroaction plus directe et plus immédiate était nécessaire étant donné que les interviewers ne connaissaient pas le protocole. Les auteurs soulignent qu’en raison de l’applicabilité universelle, cela pourrait représenter un problème compte tenu des contraintes de temps.