23ème édition (Octobre 2010)

Date Published

Daigneault, I., Hebert, M., & McDuff, P. (2009). Men’s and women’s childhood sexual abuse and victimization in adult partner relationships: A study of risk factors. Child Abuse and Neglect, 33(9), 638-647.

Le présent article traite des sévices sexuels envers les enfants (SSE) et des caractéristiques sociodémographiques en tant que facteurs de risque de violence entre les partenaires intimes (VPI). Les auteurs se sont basés sur les analyses des données secondaires de l'Enquête sociale générale – Victimisation, cycle 1999 effectuée au Canada. Les données ont été collectées selon la méthode de la composition aléatoire auprès de ménages possédant le téléphone. Aux fins de la présente analyse, les chercheurs ont uniquement inclus les participants de 18 ans et plus mariés ou vivant en union de fait (au moment de l'enquête ou cinq ans avant). Les chercheurs ont effectué une analyse du khi-carré et une régression logistique hiérarchique. Les femmes rapportent une prévalence de SSE plus élevée que celle des hommes et elles sont également plus susceptibles de déclarer de la VPI physique et sexuelle que les hommes. L’enquête ne révèle aucune différence entre les deux sexes en matière de VPI psychologique. Les femmes ayant déclaré avoir subi des SSE sont plus susceptibles que les autres de déclarer aussi avoir été victimes de violence psychologique, physique et sexuelle perpétrée par leur partenaire intime actuel ou antérieur. Chez les femmes ayant rapporté des SSE, certains facteurs augmentaient le risque de violence perpétrée par le partenaire intime, notamment le jeune âge et les limites physiques ou mentales relatives aux activités quotidiennes. Les hommes ayant rapporté des SSE étaient plus susceptibles que les autres de déclarer de la violence psychologique et physique dans leurs relations intimes. Chez les hommes ayant apporté des SSE, l’âge plus avancé et le fait d'avoir une partenaire au moment de l'enquête semblaient diminuer la probabilité de VPI alors que les limites physiques ou mentales et les antécédents de violence physique pendant l'enfance semblaient augmenter cette probabilité. Dans l'ensemble, les résultats montrent que chez les adultes au Canada, les antécédents de SSE sont associés à un risque accru de victimisation dans les relations intimes. Les auteurs concluent que des efforts de prévention particuliers doivent être entrepris pour cibler les femmes et les hommes qui ont survécu aux sévices sexuels pendant l'enfance.


Durrant, J., Trocmé, N., Fallon, B., Milne, C., Black, T. (2009). Protection of Children from Physical Maltreatment in Canada: Evaluation of the Supreme Court’s Definition of Reasonable Force. Journal of Aggression, Maltreatment and Trauma, 18(1), 64-87.

L’article 43 du Code criminel (1985) permet aux parents d'utiliser le châtiment corporel envers leurs enfants pourvu qu’ils respectent sept critères : le châtiment est administré par le « parent biologique »; l’enfant est âgé de 2 à 12 ans; il est capable d’en tirer une leçon; l’acte est de nature mineure; aucun objet n’est utilisé; le châtiment n’est pas coercitif; « il n’est pas dégradant, inhumain ni dommageable » (p. 67).

Durrant et coll. ont évalué la validité de l'article 43 en opérationnalisant six des sept critères décrits ci-dessus et en les appliquant à l'Étude canadienne sur l'incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants 2003 (ECI 2003). Ils ont découvert que la majorité des cas corroborés de sévices envers les enfants examinés dans l’ECI 2003 correspondaient aux critères qui définissent l'article 43. Généralement, l'auteur des sévices était un parent, avait utilisé une force physique non mineure impliquant une arme et l'enfant était âgé de deux à douze ans. Les auteurs ont également examiné l'utilisation de la fessée par les parents puisqu'elle a un lien avec la corroboration des sévices. Ils ont découvert qu'elle se classait au deuxième rang des meilleurs prédicteurs de la corroboration. Selon ces auteurs, les résultats appuient l'abolition de la législation favorable aux châtiments corporels et mettent en lumière la nature arbitraire des limites actuelles établies par l'article 43.


Trocmé, N., Knoke, D., Fallon, B., & MacLaurin, B. (2009). Differentiating between substantiated, suspected, and unsubstantiated maltreatment in Canada. Child Maltreatment, 14(1), 4-16.

Les auteurs traitent de la complexité inhérente à la classification de la maltraitance envers les enfants en fonction du degré de corroboration. Ce degré sert souvent de variable subrogative de la maltraitance et peut à son tour façonner les résultats de la recherche publiés dans la documentation. Certains territoires de compétence et projets de recherche utilisent un système de classification à trois niveaux (maltraitance corroborée, soupçonnée et non fondée) et d'autres un système à deux niveaux (comprenant uniquement la maltraitance corroborée et non corroborée). Les auteurs ont examiné les données de l'Étude canadienne sur l'incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants 2003 (ECI 2003; Trocmé et coll., 2005) et ont utilisé des données non pondérées provenant d'un échantillon national excluant le Québec. Ils ont procédé à des analyses bivariées et multivariées. Les facteurs liés à la décision de classer une enquête dans la catégorie « soupçonnée » plutôt que dans la catégorie « non fondée » sont : les orientations effectuées par la police, les risques liés au logement, le manque de coopération des donneurs de soins, les problèmes de comportement des enfants, les facteurs de risque liés aux donneurs de soins et la présence de dommages physiques et émotionnels envers l'enfant. L'analyse des facteurs liés à la corroboration indique que les enquêtes sont plus susceptibles d'être classées dans la catégorie « corroborée » plutôt que dans la catégorie « soupçonnée » si la maltraitance entraîne un dommage physique ou émotionnel pour l'enfant, si c’est la police qui effectue l'orientation ou s'il existe déjà un signalement de maltraitance corroboré. Les résultats confirment qu'au Canada, les cas non corroborés correspondent à des situations où les facteurs de risque sont moins nombreux et justifient l'utilisation d'une classification à trois niveaux qui évite que les cas soupçonnés soient soumis à la dichotomie corroborés/non corroborés.