24ème édition (Décembre 2010)

Date Published

Fuller-Thomson, E., Brennenstuhl, S., & Frank, J. (2010). The association between childhood physical abuse and heart disease in adulthood: Findings from a representative community sample. Child Abuse & Neglect, 34(9), 689-698.

Les auteurs ont découvert que la violence physique subie pendant l’enfance était un facteur de stress important chez les jeunes enfants. La relation entre la violence physique pendant l’enfance et les résultats négatifs sur la santé mentale et physique à l’âge adulte a fait l'objet de recherches, toutefois, le rapport entre cette forme de violence et les maladies du cœur n’a pas été étudié en profondeur. La présente étude se base sur les données du cycle de 2005 de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, une enquête ponctuelle de Statistique Canada. L’analyse dont il est question ici utilise des données d’un échantillon non pondéré composé de 13 093 hommes et femmes du Manitoba et de la Saskatchewan puisque les chercheurs ont uniquement recueilli des données sur la violence physique pendant l'enfance dans ces provinces. Les auteurs ont mené sept analyses de régression logistique consécutives en choisissant les maladies du cœur comme résultat. Le modèle final a été corrigé pour tenir compte d’une large gamme de variables y compris le genre, la race, l’âge, les facteurs de stress pendant l'enfance (c.-à-d., le divorce des parents, la toxicomanie et le chômage parental), les comportements à risque pour la santé à l’âge adulte (c.-à-d., l’IMC, la consommation de tabac, d'alcool, le niveau d'activité physique), le stress à l'âge adulte (c.-à-d., le niveau de scolarité, le niveau de stress quotidien autorapporté, le diagnostic de diabète), les antécédents de troubles de l'humeur et la pression sanguine élevée.

Ces variables ont été corrigées parce que les recherches antérieures ont révélé que ces facteurs étaient associés aux maladies du cœur. Les résultats de cette recherche démontrent que 7 % de l'échantillon a déclaré avoir subi de la violence physique pendant l'enfance et que 4 % a déclaré qu'un professionnel de la santé avait diagnostiqué une maladie du cœur. Si on corrige le modèle pour tenir compte de la vaste gamme de facteurs de risque de maladies du cœur, les personnes qui ont déclaré avoir subi de la violence physique pendant l'enfance ont tout de même 45 % de plus de risques de recevoir un diagnostic de maladies du cœur que celles qui n'ont pas déclaré avoir été victimes de ce type de violence. Les résultats suggèrent une relation entre la violence physique pendant l'enfance et les risques élevés de maladies du cœur. Cette recherche est limitée à cause de sa nature ponctuelle, du fait qu'elle repose sur des comptes rendus autorapportés et rétrospectifs et qu’elle ne précise pas la fréquence ni la gravité de la violence physique ni des autres formes de maltraitance. Les auteurs concluent qu'il faut effectuer plus de recherches dans ce domaine.


Peter, T. (2009). Exploring taboos: Comparing male- and female-perpetrated child sexual abuse. Journal of Interpersonal Violence, 24(7), 1111-1128.

La présente étude compare les cas de sévices sexuels envers les enfants infligés par les hommes et les femmes d’après les données de l’Étude canadienne sur l'incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants – 2008 (ECI-2008). Le nombre d'enquêtes pour sévices sexuels comportant des informations sur le sexe de l'auteur s'élève à 345. Quatre-vingt-neuf pour cent des auteurs sont des hommes et 11 % des femmes. Comparées aux enquêtes sur les agresseurs, celles portant sur les agresseuses étaient plus susceptibles d'impliquer deux enfants ou plus victimes de la même agresseuse; le travailleur-enquêteur était plus susceptible d’identifier le co-agresseur et les victimes étaient plus jeunes. Les enquêtes portant sur les agresseurs étaient plus susceptibles d'être effectuées à la suite d'un signalement à la protection de l'enfance par un professionnel. Les auteurs concluent qu’il faut effectuer davantage de recherches sur les sévices sexuels infligés par les femmes aux enfants pour mieux comprendre ces différences. Ils recommandent d’interpréter ces résultats avec prudence puisque les analyses ne sont basées que sur 37 enquêtes impliquant des agresseuses.


Regehr, C., LeBlanc, V., Shlonsky, A., & Bogo, M. (2010). The influence of clinicians’ previous trauma exposure on their assessment of child abuse risk. The Journal of Nervous and Mental Disease, 198(9), 614-619.

Les professionnels œuvrant en protection de l'enfance doivent prendre des décisions extrêmement difficiles. Des services de protection de l'enfance dans diverses parties de l'Amérique du Nord ont mis au point des modèles standardisés d'évaluation des risques afin d'aider les professionnels à déterminer correctement les enfants risquant de subir des sévices. Les auteurs soutiennent que les caractéristiques, les attitudes et l’expérience des travailleurs peuvent influencer la manière dont ces derniers utilisent les instruments standardisés d'évaluation des risques. La présente étude fait appel à des patients types qui jouent une situation clinique afin d'étudier à quel point les expériences antérieures et l'état émotif influencent le jugement professionnel des intervenants en protection de l'enfance. Quatre-vingt-seize intervenants âgés de 22 à 63 ans ont participé à cette étude. Ces intervenants travaillent dans des bureaux de protection de l'enfance différents situés dans cinq grands centres urbains, dans des villes et dans des communautés rurales. Ils ont rempli une série de questionnaires portant sur leurs antécédents en matière d'exposition à des traumatismes en milieu de travail et sur leur état émotif actuel. Après avoir participé au scénario clinique avec les patients types, les intervenants ont effectué plusieurs mesures de risque basées sur le scénario clinique, y compris sur le modèle d’évaluation des risques, l’outil d’évaluation de la sécurité et l’outil d’évaluation des risques du milieu familial de l’Ontario. Les chercheurs n’ont pas trouvé de lien entre le niveau de scolarité, l’âge des intervenants et le résultat des mesures d’évaluation des risques. Ils indiquent que plus les niveaux d’exposition aux traumatismes, de stress et de symptômes de stress post-traumatique sont élevés, moins l’intervenant est susceptible de déterminer que l’enfant est à risque. Les limites de cette étude ont trait aux situations cliniques qui ne reflètent pas adéquatement les rencontres qui ont lieu dans la vie réelle. Les auteurs n’ont pas décrit la stratégie d’échantillonnage utilisée, ce qui laisse entendre qu’il s’agit d’un échantillon composé de volontaires. Ils concluent que les intervenants devraient consulter lorsqu’ils prennent des décisions concernant les risques.