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Child sexual abuse disclosures across the developmental spectrum: findings from a retrospective case file review.

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Revu par
Olive Lyons
Citation

McElvaney, R., Moore, K., O'Reilly, K., Turner, R., Walsh, B., & Guerin, S. (2020). Révélations d’abus sexuels sur des enfants : l’âge a-t-il une incidence? Child Abuse & Neglect, 99, 104121-104121. https://doi.org/10.1016/j.chiabu.2019.104121

Résumé

Très peu d’études sur la divulgation des abus sexuels envers les enfants (ASE) prennent en compte les enfants dans tout le spectre du développement. L’objectif de la présente étude est d’élargir la base de connaissances en examinant la divulgation selon l’âge de l’enfant (c.-à-d. 0-4, 5-8, 9-12, 13-14, 15-17 ans). Les questions de recherche sont les suivantes : 1) Existe-t-il une relation entre l’âge de la divulgation et celui auquel l’enfant a été victime d’abus? 2) Existe-t-il une relation entre l’âge de la divulgation et le choix du confident dans les cinq catégories d’âge? 3) Quels sont les facteurs influençant la divulgation d’un enfant? Sont-ils liés à l’âge où l’abus a eu lieu ou à l’âge auquel la victime l’a divulgué?

Les auteurs ont effectué un examen rétrospectif des dossiers de 273 enfants (70 garçons et 203 filles) qui ont été évalués dans trois unités d’évaluation des abus sexuels sur les enfants en Irlande et qui ont fourni un compte rendu crédible/corroboré d’ASE. L’examen a porté sur les dossiers de ces enfants qui avaient fréquenté les unités entre 2006 et 2015. Les auteurs les ont répartis en cinq catégories d’âge.

Les résultats indiquent que les enfants de tous les groupes d’âge divulguent le plus souvent leur expérience de l’abus au cours de la période de développement où il s’est produit. Environ 50 % des enfants de moins de 4 ans ont révélé avoir été victimes d’abus sexuels alors qu’ils étaient encore dans cette période de développement, et une augmentation notable de la divulgation s’est produite au cours de chaque période de développement ultérieure. Il convient de noter que tous les enfants du dernier profil d’âge (15 à 17 ans) ont révélé leur victimisation au cours de la période où elle s’est produite.

Les enfants ont identifié les confidents suivants : la mère, les pairs, le père, les membres de la famille (c.-à-d., tante, sœur, etc.), les professionnels (école/police), les frères et sœurs, et les parents d’accueil/frères et sœurs d’accueil. Dans l’ensemble, la mère était le premier choix à titre de confidente (43,9 %). Cela variait selon l’âge et, conformément à d’autres publications dans le domaine, plus de 60 % des enfants âgés de 0 à 4 ans se sont confiés à leur mère en premier lieu. Dans chaque catégorie, jusqu’à l’âge de 12 ans, les enfants ont continué à révéler l’abus principalement à leur mère, puis à d’autres membres de la famille. À l’inverse, les enfants plus âgés (plus de 12 ans) étaient plus susceptibles de se confier à un pair. 

Les auteurs de cette étude ont également mené une analyse du contenu des facteurs influençant les divulgations qui a révélé que le « sentiment de détresse » était mentionné dans les révélations des enfants (80,9 %). Les autres facteurs cités étaient « être cru » (58,4 %), « la peur » (54,4 %), « la difficulté à le dire » (46,9 %), « le contact avec l’auteur présumé » (45,6 %) et « le fait qu’on leur pose des questions » (45,9 %). Les résultats de l’analyse du contenu ont également permis de conclure à l’absence de liens entre les facteurs influençant la divulgation et le moment où elle a lieu, à savoir à l’intérieur de la période de développement où l’abus a été commis ou par la suite. L’étude n’a pas trouvé de facteur prédictif d’une divulgation rapide après l’abus.

Notes méthodologiques

Cette étude comporte certaines limites; tout d’abord, comme il s’agissait d’un examen de dossiers, les informations n’ont pas été recueillies à l’origine à des fins de recherche; par conséquent, certains des dossiers ne contenaient pas la variable d’intérêt de l’étude.  

Les auteurs soulignent que l’étude aurait pu bénéficier de l’inclusion de preuves vidéo (tous les entretiens sont enregistrés); cependant, ils ne disposaient pas des fonds nécessaires pour examiner les vidéos. Bien que la taille de l’échantillon soit relativement importante (N = 273), elle n’a pas permis de fournir une analyse fiable des facteurs influençant la divulgation et le délai de divulgation.

L’un des points forts de l’étude est qu’elle a examiné le récit des révélations des très jeunes enfants (bien que provenant du rapport d’évaluation par un professionnel). Cette cohorte d’enfants n’est souvent pas accessible à des fins de recherche. De plus, les chercheurs ont créé cinq groupes d’âge pour les enfants de 0 à 18 ans, ce qui permet une analyse plus approfondie de la relation entre l’âge de l’abus, l’âge de la divulgation et le confident selon la catégorie d’âge.

Cette étude contribue à la documentation sur la divulgation des abus sexuels pendant l’enfance; elle est unique à cet égard, car la plupart des autres études reposent sur des rapports rétrospectifs d’adultes ou d’adolescents. En outre, l’examen des dossiers est vaste (N = 273) et inclut le point de vue des parents/tuteurs, car ils sont interrogés dans le cadre du rapport d’évaluation de l’abus sur l’enfant avant l’entretien avec ce dernier.