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L'étude invite des enfants qui ont été exposés à la violence conjugale à parler de leur parent victime de sévices

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Résumé

Dans le cadre de cette étude qualitative, on demandait à des enfants de décrire leur parent qui avait été victime de sévices de la part d’un partenaire intime. Les enfants et le parent maltraité ont été recrutés en Suède, dans le cadre de deux programmes de traitement offrant des services aux enfants et aux parents touchés par la violence conjugale. Chaque enfant a été invité à participer à cette étude. En tout, 17 enfants y ont participé, soit 10 filles et 7 garçons âgés de 4,5 à 12,3 ans. Treize d’entre eux vivaient avec le parent victime de violence, trois vivaient en alternance chez les deux parents et un vivait en famille d’accueil. Les chercheurs ont mené des entrevues semi-structurées d’une durée moyenne de 36 minutes. L’analyse thématique des données a été réalisée conformément à la méthode de Braun et Clarke (2006), qui l’ont décrite comme l’examen de la compréhension par les participants de leurs expériences en contexte.

Les résultats des entrevues ont permis de dégager trois grands thèmes. Les thèmes principaux illustrent la manière dont le parent a été décrit par l’enfant : des témoignages cohérents au sujet du parent, des témoignages déficients au sujet du parent et le parent comme déclencheur de traumatismes. Dans les témoignages cohérents (thème 1), un modèle de travail intégré du parent était manifeste dans les réponses de l’enfant. Cela a démontré la capacité des enfants à réfléchir à certains aspects de ce parent. Dans les témoignages déficients (thème 2), il y avait moins de cohérence dans la description du parent, qui était parfois « terne ou éclatée » (p. 5). Le dernier grand thème (thème 3), le parent comme déclencheur de traumatismes, « illustr(ait) à quel point le fait d’interroger les enfants au sujet de leur parent peut les bouleverser et montr(ait) que les remémorations traumatiques peuvent bloquer l’accès de l’enfant aux représentations intérieures du parent maltraité et la capacité de réfléchir et de mentaliser » (p. 175). De plus, les enfants qui ont fourni des réponses correspondant à ce thème ont été décrits comme réagissant à des questions sur leur parent maltraité par de l’hypervigilance, une perte de concentration, des états dissociatifs ou de la désorganisation. Ce thème en particulier suggérait que, tout comme les parents violents, les parents maltraités pouvaient aussi déclencher une réaction traumatique chez les enfants. On signale aussi que cette étude a démontré que les enfants pourraient être de précieux partenaires en tant que participants à la recherche visant à mieux comprendre leurs expériences.

Notes méthodologiques

Ces résultats sont fondés sur un petit échantillon. Les auteurs ont noté qu’au moment où l’étude a été menée, certains des enfants étaient toujours en contact avec le parent qui leur avait fait du tort. Cela peut avoir influencé les réactions traumatiques des enfants. Il est également possible que les enfants aient vécu des crises au moment où les entrevues ont été menées. Ces résultats ne révèlent pas d’information sur la manière dont les attitudes de ces enfants à l’égard de leurs parents évolueront avec le temps.