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Plus de facteurs de risque, mais moins de services? Disparité critique des services offerts pour les parents ayant une déficience intellectuelle

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Résumé

Un nombre disproportionné de parents atteints de déficience intellectuelle sont mis en cause dans des affaires de maltraitance par le système de protection des enfants. À partir des données versées en 2013 dans le National Child Abuse and Neglect Data System (NCANDS), une base de données nationale sur les mauvais traitements commis envers les enfants rapportés par des travailleurs sociaux, les auteurs du rapport ont évalué la prestation de services aux parents ayant une déficience intellectuelle, les facteurs de risque cliniques et environnementaux pris en compte, le type de services recommandés et l’adéquation des services offerts avec les facteurs de risque propres à ces parents. Selon la définition du NCANDS, la déficience intellectuelle correspond à un « état diagnostiqué en clinique, caractérisé par une capacité cognitive et motrice générale significativement inférieure à la moyenne, et par des déficits du comportement adaptatif qui nuisent à la socialisation et à l’apprentissage » (Children's Bureau, 2016, A-37).

En 2013, 1 013 464 rapports de violence présumée envers des enfants incluant des données sur la capacité intellectuelle des parents ont été déposés; de tous les cas ayant fait l’objet d’une enquête, 7 831 (0,8 %) mettaient en cause un parent reconnu comme ayant une déficience intellectuelle. L’allégation a été confirmée dans 2 450 des 7 831 cas examinés (31,3 %) et 209 543 des cas (20,8 %) mettant en cause un parent exempt de déficience intellectuelle reconnue étaient étayés. Dans tous ces rapports de cas corroborés, la présence des 10 facteurs de risque établis par le NCANDS était plus probable chez les parents ayant une déficience intellectuelle que chez les autres. Mais surtout, la probabilité que ces parents aient une déficience visuelle ou auditive reconnue était 13,31 fois élevée, tandis que la probabilité qu’ils souffrent d’un trouble affectif établi était 6,16 fois plus élevée. On n’a pas observé de différence entre les parents atteints et exempts de déficience intellectuelle quant aux formes de maltraitance (violence physique, négligence ou négligence sur le plan médical); cependant, les résultats indiquent que les parents atteints de déficience intellectuelle sont plus susceptibles d’infliger de mauvais traitements de nature psychologique ou morale (RC de 1,42) et « d’autres » formes de sévices (RC de 4,71) et moins susceptibles de poser des gestes de violence sexuelle (RC de 0,53). Pour ce qui est de la prestation de services, les parents ayant une déficience intellectuelle avaient moins de chances que les autres de recevoir n’importe lequel des services possibles, à l’exception des services d’adoption et d’éducation. De plus, les auteurs ont effectué des analyses bidimensionnelles afin d’établir s’il y avait une disparité entre les facteurs de risque présents et les services recommandés. Ils ont constaté que les parents ayant une déficience intellectuelle et des problèmes affectifs étaient plus de 6 fois davantage susceptibles de ne pas se faire offrir des soins de santé mentale que les parents sans déficience intellectuelle (RC de 6,35), et que ceux qui avaient des problèmes de consommation d’alcool étaient 3,59 fois plus susceptibles de ne pas se faire offrir de traitement contre l’alcoolisme.

Notes méthodologiques

Ce rapport fournit une première évaluation précieuse de la prévalence de prestation, des caractéristiques et des recommandations de services aux parents ayant une déficience intellectuelle reconnue, fondée sur des cas étayés de violence faite aux enfants aux États-Unis. Les lacunes de l’étude sont celles que l’on impute habituellement à l’exploitation de données préexistantes : données manquantes (la déclaration de la capacité mentale des parents n’est pas obligatoire), catégories non standardisées (la définition juridique des « autres » formes de mauvais traitements varie entre les États) et manque d’information sur les pratiques décisionnelles du travailleur social responsable des dossiers (qui pourrait aider à cerner pourquoi les parents ne reçoivent pas certains services). De plus, les auteurs font également remarquer que le nombre de parents atteints de déficience intellectuelle est probablement plus élevé que ce que laisse croire la base de données du NCANDS qui exige que ces déficiences soient confirmées par un clinicien.

Référence

Children's Bureau. (2016). National Child Abuse and Neglect Data System (NCANDS) child file codebook. Retrieved from: https://www.acf.hhs.gov/cb/resource/ncands-child-file.