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Premières naissances chez des adolescentes victimes de maltraitance : différences associées au temps passé en famille d’accueil

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Résumé

Il y a peu d’études sur les grossesses et les accouchements chez les adolescentes prises en charge par les services d’aide sociale à l’enfance. Et jusqu’à maintenant, les études existantes avaient produit des résultats contradictoires : dans certaines, on signalait peu de différences observables, au chapitre des accouchements à l’adolescence, entre les jeunes filles en famille d’accueil et celles qui demeuraient dans leur milieu familial, tandis que dans d’autres, on signalait une probabilité deux fois plus élevée chez les premières que chez les secondes.

Pour mieux comprendre le lien entre le placement en famille d’accueil et le taux d’accouchements à l’adolescence, la chercheuse a répertorié les premières naissances au sein d’une cohorte d’adolescentes victimes de mauvais traitements et prises en charge par la protection de la jeunesse de la Californie (N = 85 766). Ces jeunes filles avaient fait l’objet d’une allégation de mauvais traitements jugée fondée après leur 10e anniversaire de naissance. Environ 18 % d’entre elles ont accouché avant leur 20e anniversaire de naissance. Chez les jeunes filles placées en famille d’accueil, ce pourcentage était d’environ 19,5 %. Les taux d’accouchement les plus élevés ont été enregistrés chez les adolescentes latino-américaines, noires et autochtones. Cependant, par rapport à la population générale, le placement en famille d’accueil pourrait constituer un facteur de risque davantage pour les adolescents de race blanche que pour ceux d’autres groupes raciaux ou ethniques. En outre, certaines formes de mauvais traitements (violence physique, négligence grave et absence du parent ou du tuteur) et les mauvais traitements répétés ont été associés à des taux d’accouchement plus élevés, ce qui témoigne d’une vulnérabilité accrue à l’accouchement précoce. L’auteure conclut que le placement en famille d’accueil n’est peut-être pas, en soi, le facteur prévisionnel le plus important d’accouchement à l’adolescence chez les jeunes filles prises en charge par la protection de la jeunesse, bien que selon les résultats de cette étude, cette option ait été plus avantageuse que le maintien en milieu familial pour un sous-groupe d’adolescentes. Pour préciser le lien entre le placement en milieu substitut et le taux d’accouchements à l’adolescence, on doit prendre d’autres facteurs en considération, notamment la nature des mauvais traitements et l’origine ethnique.

Notes méthodologiques

Le recours à des données administratives à grande échelle, puis à un appariement des dossiers (méthodologie somme toute classique) et l’estimation prudente du taux cumulatif de naissances pourraient limiter la portée de cette étude. De plus, l’auteure fait état d’un accès restreint à des données historiques fiables pour l’ensemble des adolescentes prises en charge par les services d’aide sociale à l’enfance et examinées dans son étude. Enfin, les données ne font pas état du statut socioéconomique des adolescentes prises en charge par ces services.