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Réduction des taux de maltraitance envers les enfants grâce au programme de visites à domicile Les familles d’abord au Manitoba

Année de publication
Revu par
Natalie R. Beltrano
Citation

Chartier, M., Enns, J. E., Nickel, N. C., Campbell, R., Phillips-Beck, W., Sarkar, J., Boram Lee, J., Burland, E., Chateau, D., Katz, A., Santos, R., & Brownell, M. (2020). The association of a paraprofessional home visiting intervention with lower child maltreatment rates in First Nation families in Canada: A population-based retrospective cohort study. Children and Youth Services Review, 108, 104675.

Résumé

Les enfants autochtones sont surreprésentés dans le système de protection de l’enfance. Le programme de visites à domicile Les familles d’abord (VDFD) du Manitoba a été évalué pour déterminer sa capacité à réduire le taux de maltraitance envers les jeunes enfants au sein de la cohorte 2003-2009 de familles des Premières Nations admissibles aux services. Animé par une infirmière de santé publique (ISP), le programme VDFD utilise une méthode de dépistage auprès de toutes les nouvelles mères afin de cerner les facteurs de risque de maltraitance envers les enfants. Cette méthode vise à déterminer quelles mères orienter vers le programme. Alors que 4 010 familles étaient admissibles, seules 1 681 l’ont terminé parce qu’il était complet ou parce qu’elles ne souhaitaient pas participer au programme facultatif. Les auteurs ont comparé les familles qui ont participé au VDFD à celles qui ne l’avaient pas fait. Ils ont concentré leur analyse secondaire sur les effets du programme VDFD sur les résultats suivants pour les enfants : prise en charge de l’enfant par le système de protection de l’enfance au cours de la première année de vie, prise en charge de l’enfant par le système de protection de l’enfance au cours des deux premières années de vie, hospitalisation de l’enfant pour des blessures liées à des mauvais traitements au cours des trois premières années de vie, enfant témoin ou victime d’un crime.

Les enfants des mères des Premières Nations qui ont participé au VDFD avaient un risque moindre (9,4 %) d’être pris en charge par le système de protection de l’enfance que les enfants de mères qui n’ont pas reçu de services (14,8 %). Les variables indépendantes n’ont pas permis de prédire d’autres résultats de manière significative. Les auteurs notent que ces résultats peuvent être plus sensibles à des facteurs de confusion.

Le programme VDFD au Manitoba semble avoir eu un effet positif, il a en effet réduit la probabilité que les enfants des Premières Nations aient besoin d’une prise en charge hors du foyer pendant leur première année de vie. Les auteurs notent que des ressources et des mesures de soutien supplémentaires sont nécessaires pour faciliter la participation des familles « difficiles à atteindre », en particulier dans le cadre des recommandations de la Commission de vérité et de réconciliation.

 

Notes méthodologiques

La méthodologie utilisée par les auteurs est l’observation rétrospective des données conservées au Centre d’élaboration de la politique des soins de santé du Manitoba. Les familles des Premières Nations ayant participé au VDFD étaient au nombre de 1681; 2329 n’y ont pas participé. Pour tenir compte des différences entre les deux groupes, les auteurs ont pondéré les variables associées à l’évaluation réalisée par l’ISP. Ces variables étaient constituées de divers facteurs de risque, comme le manque de soins prénataux, l’isolement social et la violence familiale. La pondération des variables a consisté à accorder plus de poids, au sein du groupe de comparaison, aux familles qui ont obtenu des scores plus élevés lors de l’évaluation initiale et des recommandations pour l’entrée dans le programme, mais qui n’y ont pas participé. En outre, le poids accordé aux familles qui ont obtenu un score plus faible, mais qui ont participé au programme était moindre. En modifiant la pondération des variables, les auteurs ont pu comparer les deux groupes, en se concentrant sur les familles vulnérables qui avaient obtenu des scores plus élevés lors de leur dépistage.

Il s’agit d’une étude rétrospective et, en conséquence, les facteurs qui ont pu avoir un impact sur les résultats n’ont pas pu être explorés. Les auteurs n’ont pas pu tenir compte du caractère obligatoire ou facultatif de la participation à un programme parental ou au programme VDFD par les mères prises en charge par les services de protection de l’enfance. Le programme ne s’est pas assuré de tenir compte des correspondances culturelles entre les familles et leur intervenant à domicile, et il n’était pas basé sur la culture ni sur les traditions des Premières Nations. Il serait donc intéressant d’évaluer ces domaines plus avant.