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Revue systématique : les données sur l’efficacité de la supervision dans les services de protection de l’enfance sont peu probantes

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Résumé

Cette revue systématique avait pour but d’évaluer l’efficacité et l’efficience de la supervision en protection de l’enfance à la lumière du devenir des enfants et des familles, des employés et des organisations (par exemple, des services d’aide à l’enfance et de protection de la jeunesse).

Bien que cette définition de la supervision ne soit pas parfaite, on s’entend généralement sur les fonctions qui en font partie. Dans la présente étude, ce sont essentiellement les suivantes : gestion de cas, formation par la pratique réflexive, soutien personnel et émotionnel, médiation (le superviseur agit ici comme intermédiaire entre le membre du personnel et l’organisation) et perfectionnement professionnel.

Les chercheurs ont passé au peigne fin catalogues, résumés et revues spécialisées afin de trouver des études répondant à des critères d’inclusion rigoureux. Pour être retenue, l’étude devait : 1) faire état d’un lien entre la supervision et le devenir des utilisateurs et des employés de l’organisation ainsi que de l’organisation elle-même; et 2) comporter une composante interventionnelle. Les auteurs s’en sont tenus aux études publiées en anglais entre 2000 et 2012.

La sélection s’est faite en trois étapes. Dans un premier temps, les chercheurs ont repéré 690 études, puis en ont retenu 50 au terme d’un examen approfondi. La deuxième étape était celle de l’extraction des données. À ce stade, 34 études ont été retenues et 3 écartées, parce que l’analyse des données laissait à désirer. À la troisième et dernière étape, les chercheurs se sont livrés à un examen critique des études qui répondaient aux critères d’inclusion, examen fondé sur la crédibilité (clarté, exactitude, transparence, validité, fiabilité et généralisabilité), la conformité (adéquation de la méthodologie à la question étudiée) et pertinence du sujet (applicabilité de l’étude aux employés, à l’organisation et aux utilisateurs). L’échantillon final comptait 21 études.

L’analyse des études retenues a révélé que la supervision, à savoir « l’optimisation de l’apprentissage tiré de la gestion de cas dans une optique de perfectionnement professionnel », produisait des résultats légèrement favorables pour les travailleurs (satisfaction au travail, confiance en ses capacités, stress) et les organisations (rendement, gestion de la charge de travail, roulement du personnel, maintien de l’effectif ainsi qu’analyse et planification de cas). Aucune des 21 études répondant aux critères d’inclusion ne mettait en lumière un lien solide entre l’efficacité de la supervision et l’issue des cas pris en charge par la protection de la jeunesse.

Notes méthodologiques

La plupart des études comprises dans la revue systématique sont de nature transversale. Il est donc impossible d’établir un lien de cause à effet entre la supervision et le devenir des employés et des organisations. Une seule des 21 études portait précisément sur une intervention, mais comme sa méthodologie laissait à désirer, son résultat n’était pas généralisable.

Par ailleurs, aucune des équipes de recherche n’a étudié le lien entre la supervision et l’issue de la prise en charge pour les enfants et les familles (clients) ni évalué l’efficience de la supervision. Selon les auteurs, même si la supervision va de soi en protection de l’enfance, on doit en évaluer l’efficacité, les coûts et les retombées sur les enfants et les familles. En terminant, une autre mise en garde s’impose : les études ayant fait l’objet de la revue systématique ont été menées aux États Unis, si bien que les résultats ne s’appliquent pas nécessairement en bloc à la réalité canadienne.