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Une revue systématique d’interventions psychosociales menées auprès d’adolescents suicidaires produit des résultats mitigés

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Résumé

Le suicide est la troisième cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 24 ans, et près d’un jeune Américain sur six dit avoir déjà envisagé de se suicider. Il est donc essentiel de se pencher sur l’efficacité des méthodes probantes d’intervention déployées au sein de cette population vulnérable. Pour être prise en compte dans la revue systématique, les études devaient porter sur des jeunes de 10 à 18 ans en proie à des idées ou à des comportements suicidaires et ayant fait l’objet d’interventions psychosociales, et comprendre des paramètres d’évaluation de la suicidabilité, à savoir : tentatives de suicide, actes autodestructeurs et idées suicidaires. Les chercheurs ont trouvé 17 études (10 expérimentales et 7 quasi expérimentales) répondant à ces critères. Leur conclusion : les interventions psychosociales ont atténué avec une certaine efficacité les sentiments suicidaires à très court terme. Cependant, les jeunes ayant fait l’objet d’une intervention pour cause d’acte autodestructeur ou de tentative de suicide étaient plus susceptibles d’avoir posé un acte autodestructeur ou fait une tentative de suicide lors du suivi réalisé après 6 à 7 mois, puis après 12 à 18 mois.

Pour mener leur revue systématique, les auteurs ont recherché, dans cinq bases de données, les études – publiées ou non – réalisées jusqu’à 2010, peu importe la date à laquelle elles avaient débuté. Au total, ils ont examiné 48 études de A à Z, puis y ont recherché de l’information sur l’échantillon, l’intervention, la démarche méthodologique et l’ampleur de l’effet.

Ils ont ensuite séparé leurs constats selon deux paramètres d’évaluation : tentatives de suicide et actes autodestructeurs, d’une part, et idées suicidaires, d’autre part. Dans le cas des études portant sur les idées suicidaires, les sujets ayant été l’objet d’interventions ont fait état moins souvent d’idées suicidaires après l’évaluation et lors du suivi. Dans le cas des études portant sur les tentatives de suicide et les actes autodestructeurs, les sujets ayant été l’objet d’interventions psychosociales étaient moins susceptibles de faire une tentative de suicide ou de poser un acte autodestructeur immédiatement après l’intervention. Toutefois, d’après les données recueillies lors des deux suivis prévus, ces sujets étaient plus susceptibles de faire état de tentatives de suicide ou d’actes autodestructeurs dans les mois ayant suivi l’intervention.

Notes méthodologiques

Les auteurs font observer que les rares études dans lesquelles on suit l’évolution des résultats au fil du temps manquent de rigueur. La revue des études a mis en lumière d’énormes différences entre les diverses interventions psychosociales (cinq jours de thérapie cognitivo-comportementale de groupe à une année de traitement multisystémique, en passant par les jetons); par ailleurs, on ne trouve nulle part d’informations sur la nature de la « prise en charge habituelle » ni sur les interventions mises en œuvre dans les groupes témoins.