13ème édition (Juin 2009)

Date Published

Baker, M., Gruber, J., Milligan, K. (2008). Universal child care, maternal labor supply, and family well-being. Journal of Political Economy, 116(4), 709-740.

Il existe une corrélation entre les changements relatifs à la main-d'œuvre et l'augmentation de la proportion des enfants qui ont besoin de services de garde. La majorité des enfants qui sont gardés par d'autres personnes que par leurs parents au Canada vivent dans des familles où les deux parents travaillent. Au Canada, les subventions destinées aux services de garde varient généralement selon le revenu familial, cependant, de 1997 à 2000, la province de Québec a implanté un programme de services de garde universel subventionné en vertu de la Politique familiale au Québec.

L'article évalue l'impact de cette politique à partir d'un échantillon représentatif à l'échelle nationale tiré de l'Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes (ELNEJ). Les chercheurs ont comparé cinq séries de données provenant de l'étude du Québec au reste du Canada et ont examiné des mesures liées au nombre de mères actives mariées ou en concubinage, au recours aux services de garde payants ou gratuits ainsi qu'au revenu des enfants et des familles. Le premier critère d'exclusion a permis de limiter l'échantillon aux enfants âgés de zéro à quatre ans provenant d'une famille biparentale.

Les chercheurs ont découvert des données probantes considérables établissant un lien entre la Politique familiale au Québec et les résultats négatifs des enfants et des familles. Les parents ont rapporté une baisse des résultats des enfants en ce qui concerne l'anxiété, la maladie, l'agressivité et les habiletés motrices. Les parents ont déclaré que leur santé avait diminué et qu'ils avaient une moins bonne relation avec leurs enfants et leurs partenaires. De plus, l'étude a établi un lien entre la Politique familiale au Québec et l'augmentation significative de l'utilisation des services de garde et la participation des femmes au marché du travail.

Les résultats ont fait l'objet de nombreuses vérifications et de contrôles afin de déceler les facteurs confusionnels y compris les différentes tendances du Québec et du reste du Canada et les changements de conditions économiques. D'autres recherches sont nécessaires pour vérifier si les résultats négatifs rapportés indiquent la présence de problèmes à court terme ou d'effets à long terme. Ces recherches pourraient porter sur la cohorte d'enfants touchés par la Politique familiale au Québec. L'impact de cette politique sur les populations d'enfants plus hétérogènes comme ceux qui fréquentent le préscolaire ou qui vivent dans des familles monoparentales reste incertain.


Snow, K. (2008). Disposable lives. Children and Youth Services Review, 30(11), 1289-1298.

Les jeunes Canadiens pris en charge ont été interviewés dans le cadre d'une étude qui visait à sensibiliser les intervenants en protection de l'enfance aux problèmes de ces jeunes. Les chercheurs ont constitué un échantillon de commodité non randomisé composé de sept garçons et de vingt filles. Ils ont interrogé ces jeunes sur leur expérience de prise en charge, sur leurs problèmes et ils leur ont également demandé comment les intervenants pourraient mieux les soutenir.

Les transcriptions des entrevues ont servi à effectuer une étude de cas afin de vérifier les dimensions clés d'un modèle théorique pertinent au milieu de prise en charge réglementées et liées : i) au langage, ii) aux relations interpersonnelles, iii) aux relations institutionnelles et iv) aux pratiques disciplinaires. L'analyse critique du discours à plusieurs niveaux qui portait sur le contenu de l'entrevue a fait ressortir trois thèmes principaux : une vie sans importance; une réalité réglementée et une identité entachée.

Cet article présente une sous-analyse du thème une vie sans importance. Les sections du texte des entrevues liées à ce thème ont été examinées en détail selon les quatre dimensions du modèle théorique en utilisant la même approche de l'analyse critique du discours à plusieurs critères de classification que celle employée dans l'étude de cas originale. Les jeunes pris en charge ont déclaré se sentir impuissants, invisibles, être fréquemment déçus, être « un cas » et être abandonnés lorsqu'ils n'étaient plus pris en charge. Les auteurs ont recommandé aux travailleurs sociaux de faire participer activement les jeunes au processus de prise en charge, de maintenir une communication constante, de chercher à connaître les opinions des jeunes, de leur fournir de l'information, d'être leur allié et leur défenseur et de les soutenir afin qu'ils puissent établir des relations solides, authentiques et durables.


Wekerle, C., Leung, E., Wall, A.M., MacMillan, H., Boyle, M., Trocme, N., & Wacechter, R. (2009). The contribution of childhood emotional abuse to teen dating violence among child protective services-involved youth. Child Abuse & Neglect, 33(1), 45-58.

Les services de protection de l'enfance ne tiennent peut-être pas suffisamment compte de la violence psychologique lorsqu'elle a lieu en même temps que d'autres formes de maltraitance pendant l'enfance. Les enfants maltraités courent des risques accrus d'établir des relations mésadaptées comme de vivre de la violence dans leurs fréquentations amoureuses à l'adolescence. L'objectif de cette étude était de savoir si la violence psychologique pendant l'enfance, lorsqu'étudiée en même temps que d'autres formes de maltraitance, contribue uniquement à la violence dans les fréquentations amoureuses à l'adolescence et si les symptômes de traumatisme peuvent avoir une influence (p. ex., le TSPT).

Une liste aléatoire de plus de 1500 jeunes a été constituée par trois agences urbaines de protection de l'enfance; cependant, seulement 640 d'entre eux remplissaient les conditions requises pour l'étude et plusieurs centaines ont choisi de ne pas y participer. L'échantillon comprenait 402 jeunes de 14 à 17 ans pris en charge. Ces jeunes se sont prononcés sur la maltraitance pendant toute la vie, la symptomatologie du TSPT et les fréquentations antérieures.

Les résultats indiquent que les jeunes pris en charge sont plus susceptibles d'avoir des fréquentations amoureuses violentes; plus de la moitié des filles et presque la moitié des garçons qui vivaient une relation amoureuse ont déclaré avoir commis ou subi des actes de violence. Les chercheurs ont découvert que la violence psychologique permettait de prédire uniquement et de façon significative les symptômes de traumatisme et la violence dans les fréquentations amoureuses après contrôle statistique de l'appartenance ethnique, du statut socio-économique, du temps pendant lequel le jeune reçoit des services et des autres formes de maltraitance. Dans le modèle définitif, les chercheurs ont découvert que les symptômes de traumatisme modifiaient l'effet de la violence psychologique sur la violence dans les fréquentations amoureuses (c.-à-d. que la violence psychologique ne permettait plus de prédire la violence dans les fréquentations amoureuses lorsqu'on ajoutait le traumatisme au modèle). Le modèle des résultats était différent selon le sexe : il permettait de prédire la perpétration de la violence dans les fréquentations amoureuses chez les garçons et la victimisation due à la violence chez les filles.

Les interventions de protection de l'enfance destinées aux jeunes devraient évaluer et aborder la maltraitance psychologique et la violence dans les fréquentations amoureuse. Le fait de s'occuper des expériences de violence psychologique, surtout de la symptomatologie du TSPT, peut avoir un effet préventif. Les jeunes ont besoin d'être soutenus dans les discussions sur la violence dans les fréquentations amoureuses et dans la résolution saine de problèmes. Les jeunes qui sont en tutelle étaient sur représentés dans cette étude. Par ailleurs, les résultats ne peuvent pas être généralisés aux jeunes qui sont placés pendant moins de temps ou à ceux qui ne sont pas placés à l'extérieur du domicile.