De nombreuses études ont examiné l’efficacité du protocole d’entretien du NICHD utilisé pour faire enquête auprès de victimes présumées d’agression sexuelle. C’est la première fois que des chercheurs qui n’ont pas contribué à la mise au point de l’outil l’utilisent et ils espèrent prouver qu’on peut l’appliquer aux enfants francophones. Quatre-vingt-trois entretiens de ce type, conduits par des policiers et des travailleurs sociaux à la suite d’une allégation d’agressions sexuelles ont été comparés à 83 autres entretiens, recueillis avant que ces professionnels ne soient formés à la nouvelle technique (n=166). Les entretiens ont été menés auprès d’enfants âgés de 3 à 13 ans (âge moyen de 9 ans, écart-type 2,5) présumés victimes d’agressions sexuelles, dont 60 % étaient de sexe féminin. Les auteurs présumés étaient les membres de la famille immédiate (55 %), les membres de la famille élargie (12 %), les connaissances (28 %) et les étrangers (4 %). Le protocole a été divisé en trois catégories : introductives, principales et conclusives. Chaque regroupement a été traduit en français et uniquement les parties principales de l’entretien ont été codées. Les détails ont été catégorisés comme essentiels ou accessoires.
Les entretiens basés sur le protocole fournissent des informations plus « essentielles » que les entretiens non basés sur le protocole. Les invitations ouvertes étaient trois fois plus courantes alors que les questions à options plus directives ou les énonciations suggestives étaient moins courantes dans les entretiens basés sur le protocole. L’application du protocole a permis à l’interviewer de poser un moins grand nombre de questions (25 %) pour obtenir le même type d’information. Cependant, les auteurs ont découvert qu’une rétroaction plus directe et plus immédiate était nécessaire étant donné que les interviewers ne connaissaient pas le protocole. Les auteurs soulignent qu’en raison de l’applicabilité universelle, cela pourrait représenter un problème compte tenu des contraintes de temps.