Psychology of Women Quarterly, Volume 33, Issue 1, pp. 21–24
Les enfants victimes de maltraitance, y compris ceux qui sont exposés à la violence familiale, ont souvent des difficultés à réguler leurs émotions et leur comportement et à établir des relations saines. Les enfants maltraités apprennent à établir des rapports prudents avec les autres, à être sensibles aux signes de colère ou de désapprobation. Les jeunes qui ont des antécédents de maltraitance sont plus à risque d’éprouver des difficultés relationnelles à l’adolescence et de vivre de la violence familiale à l’âge adulte. Les jeunes maltraités ont souvent des modèles relationnels internalisés structurés autour de l’état de victime ou d’agresseur et peuvent recréer ce modèle. Ils éprouvent aussi des problèmes de pouvoir, de contrôle et d’attentes relatives aux rôles sexués dans leurs relations avec leurs pairs et dans leurs rapports amoureux.
Cet article traite des recherches antérieures et en cours effectuées par les auteurs qui établissent un lien entre la maltraitance pendant l’enfance et l’intimidation, le harcèlement selon le genre et la violence dans les fréquentations à l’adolescence. Les auteurs soulignent que malgré leur importance, les premières relations ne sont pas déterminantes. De plus, ils étudient la façon dont les modèles relationnels abusifs sont façonnés, peuvent être prévenus et améliorés.
Une étude longitudinale a exploré le rôle de la maltraitance pendant l’enfance relativement au façonnement du harcèlement selon le genre. Les adolescents qui ont déclaré être victimes de harcèlement sexuel étaient plus susceptibles de déclarer deux ans et demi plus tard avoir vécu ce type de harcèlement, de la violence entre pairs ou dans les fréquentations et avoir perpétré des actes délinquants violents.
Deux études longitudinales ont étudié le lien entre la maltraitance pendant l’enfance et les résultats des relations, surtout l’association entre les mauvais traitements antérieurs et la violence dans les fréquentations amoureuses actuelles. Les chercheurs ont montré que les expériences de maltraitance antérieures influençaient les relations et le bien-être selon des modèles différents chez les filles et les garçons. Les filles étaient plus susceptibles de rapporter des symptômes de détresse émotionnelle (p. ex., colère, anxiété et dépression) et les garçons étaient trois fois plus susceptibles de déclarer des niveaux cliniques de dépression et de stress traumatique. Au cours d’un suivi effectué un an plus tard, les chercheurs ont pu prédire le niveau de violence des filles et des garçons envers leur partenaire amoureux en se basant sur les symptômes de traumatismes autorapportés l’année précédente.
Finalement, les auteurs décrivent une étude examinant la relation entre le nombre de types de maltraitance subie et la probabilité de commettre des actes délinquants violents à l’adolescence. Ils ont découvert que chaque forme supplémentaire d’abus rapportée entraînait une probabilité plus de deux fois supérieure d’avoir eu un comportement violent en 9e année.
Ces résultats illustrent la nécessité de mettre en place une stratégie de santé publique à deux volets qui s’attaque aux causes et aux résultats de la maltraitance et qui offre des services d’intervention et de prévention adaptés au développement de l'enfant. Les auteurs soulignent les interventions communautaires et celles qui visent les symptômes liés aux traumatismes ainsi que la nécessité d’offrir des interventions qui favorisent les relations saines, le bien-être et la résilience chez les jeunes.