Les auteurs traitent de la complexité inhérente à la classification de la maltraitance envers les enfants en fonction du degré de corroboration. Ce degré sert souvent de variable subrogative de la maltraitance et peut à son tour façonner les résultats de la recherche publiés dans la documentation. Certains territoires de compétence et projets de recherche utilisent un système de classification à trois niveaux (maltraitance corroborée, soupçonnée et non fondée) et d'autres un système à deux niveaux (comprenant uniquement la maltraitance corroborée et non corroborée). Les auteurs ont examiné les données de l'Étude canadienne sur l'incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants 2003 (ECI 2003; Trocmé et coll., 2005) et ont utilisé des données non pondérées provenant d'un échantillon national excluant le Québec. Ils ont procédé à des analyses bivariées et multivariées. Les facteurs liés à la décision de classer une enquête dans la catégorie « soupçonnée » plutôt que dans la catégorie « non fondée » sont : les orientations effectuées par la police, les risques liés au logement, le manque de coopération des donneurs de soins, les problèmes de comportement des enfants, les facteurs de risque liés aux donneurs de soins et la présence de dommages physiques et émotionnels envers l'enfant. L'analyse des facteurs liés à la corroboration indique que les enquêtes sont plus susceptibles d'être classées dans la catégorie « corroborée » plutôt que dans la catégorie « soupçonnée » si la maltraitance entraîne un dommage physique ou émotionnel pour l'enfant, si c’est la police qui effectue l'orientation ou s'il existe déjà un signalement de maltraitance corroboré. Les résultats confirment qu'au Canada, les cas non corroborés correspondent à des situations où les facteurs de risque sont moins nombreux et justifient l'utilisation d'une classification à trois niveaux qui évite que les cas soupçonnés soient soumis à la dichotomie corroborés/non corroborés.