Les professionnels œuvrant en protection de l'enfance doivent prendre des décisions extrêmement difficiles. Des services de protection de l'enfance dans diverses parties de l'Amérique du Nord ont mis au point des modèles standardisés d'évaluation des risques afin d'aider les professionnels à déterminer correctement les enfants risquant de subir des sévices. Les auteurs soutiennent que les caractéristiques, les attitudes et l’expérience des travailleurs peuvent influencer la manière dont ces derniers utilisent les instruments standardisés d'évaluation des risques. La présente étude fait appel à des patients types qui jouent une situation clinique afin d'étudier à quel point les expériences antérieures et l'état émotif influencent le jugement professionnel des intervenants en protection de l'enfance. Quatre-vingt-seize intervenants âgés de 22 à 63 ans ont participé à cette étude. Ces intervenants travaillent dans des bureaux de protection de l'enfance différents situés dans cinq grands centres urbains, dans des villes et dans des communautés rurales. Ils ont rempli une série de questionnaires portant sur leurs antécédents en matière d'exposition à des traumatismes en milieu de travail et sur leur état émotif actuel. Après avoir participé au scénario clinique avec les patients types, les intervenants ont effectué plusieurs mesures de risque basées sur le scénario clinique, y compris sur le modèle d’évaluation des risques, l’outil d’évaluation de la sécurité et l’outil d’évaluation des risques du milieu familial de l’Ontario. Les chercheurs n’ont pas trouvé de lien entre le niveau de scolarité, l’âge des intervenants et le résultat des mesures d’évaluation des risques. Ils indiquent que plus les niveaux d’exposition aux traumatismes, de stress et de symptômes de stress post-traumatique sont élevés, moins l’intervenant est susceptible de déterminer que l’enfant est à risque. Les limites de cette étude ont trait aux situations cliniques qui ne reflètent pas adéquatement les rencontres qui ont lieu dans la vie réelle. Les auteurs n’ont pas décrit la stratégie d’échantillonnage utilisée, ce qui laisse entendre qu’il s’agit d’un échantillon composé de volontaires. Ils concluent que les intervenants devraient consulter lorsqu’ils prennent des décisions concernant les risques.