Child & Family Social Work, Volume 12, Issue 3, pp. 229-238
Même si l'on reconnaît de plus en plus que la participation active des parents dans les interventions en protection de l'enfance est bénéfique, il arrive encore que les intervenants sociaux marginalisent le rôle des figures paternelles dans la famille, en particulier lorsqu'il ne s'agit pas du père biologique des enfants. Cette étude qualitative s'intéresse à la perception qu'ont les travailleurs sociaux oeuvrant dans les centres jeunesse du Québec (population de 22) des hommes entretenant une relation avec des femmes qui ont eu des enfants d'une union précédente. Ces hommes sont appelés « pères adoptifs ». À partir des représentations sociales élaborées par les travailleurs sociaux, on a pu établir trois modèles de pères adoptifs : 1) les hommes considérés comme des membres de la famille qui étaient intégrés à celle-ci depuis plusieurs années et qui avaient développé des liens affectifs avec les enfants; 2) les hommes qui interagissaient de façon indirecte avec les enfants pour appuyer la mère dans son rôle parental; 3) les hommes qui étaient en relation avec la mère mais qui avaient un engagement au mieux négligeable envers les enfants. Les travailleurs sociaux disposent d'une variété de stratégies pour inclure les pères adoptifs dans leurs interventions, selon la perception qu'ils ont de leur rôle comme modèle de ressources et des caractéristiques propres à chaque dossier. Les critères mis de l'avant par les travailleurs sociaux dans cette étude pourraient servir de guide aux autres intervenants sur la place à accorder aux pères adoptifs dans leurs interventions et sur la façon de les y inclure. L'étude a notamment permis de constater que les travailleurs sociaux devaient disposer de meilleurs indicateurs pour traiter les dossiers où les pères adoptifs sont un facteur.