L’Étude canadienne sur l'incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants – 2008 (ECI-2008) représente le troisième cycle de l’étude nationale d’incidence de la maltraitance envers les enfants. Les chercheurs ont recueilli des données à partir d’un échantillon de 15 980 enquêtes des services de protection de la jeunesse ouvertes en 2008. Pour la première fois de l’histoire de l’ECI, les chercheurs du cycle 2008 ont examiné séparément les enquêtes sur le risque définies comme des enquêtes ne découlant pas d’indicent particulier de maltraitance, qu’il soit allégué ou soupçonné, mais plutôt d’une évaluation indiquant un risque de maltraitance future (p. ex., conflit entre un adolescent et un parent, nourrisson appréhendé à l’hôpital). Les enquêtes pour risque représentent 26 % de toutes les enquêtes pour maltraitance envers les enfants dans l’ECI-2008, et les 74 % restants concernent la maltraitance. L’inclusion du risque dans l’ECI-2008 représente un pas important en matière de recherche sur la protection de l’enfance. Cependant, les enquêtes pour risque n’ont pas été évaluées dans l’ECI-1998 ni dans l’ECI-2003, en conséquence, les comparaisons entre les cycles requièrent de la prudence.
Principaux résultats de l’étude :
- Incidence des enquêtes : Environ 235 842 enquêtes liées à la maltraitance des enfants ont été effectuées au Canada en 2008 (c.-à-d., enquêtes pour maltraitance ou risque de maltraitance future). Cela correspond à un taux d’incidence annuel de 39,16 enquêtes pour 1000 enfants, un taux qui n’est pas significativement différent de celui de 2003 (38,33 enquêtes pour 1000 enfants).
- Corroboration : Pour 36 % des enquêtes, les mauvais traitements ont été corroborés; dans 8 % des cas, l’incident avait pu se produire, mais les preuves étaient insuffisantes pour le corroborer; dans 30 % des cas, l’incident n’était pas fondé; dans 5 % des cas, il y avait risque de maltraitance future; dans 17 % des cas, il n’y avait pas de risque de maltraitance future et dans 4 % des cas, le risque était incertain.
- Résultats des enquêtes : Huit pour cent des enquêtes ont entraîné un changement de résidence pour l’enfant. Dans 27 % des enquêtes, le dossier est resté ouvert et des services continus ont été offerts. Cinq pour cent des cas se sont traduits par une demande faite à la cour.
- Types de maltraitance et de sévices : Parmi les cas de maltraitance corroborés, l’exposition à la violence conjugale et la négligence étaient les formes de maltraitance les plus courantes (34 % chacune). Dans 20 % des cas, le principal motif concernait la violence physique. Dans 9 % des cas, il s’agissait de violence psychologique et dans 3 % des cas, de violence sexuelle. Les sévices physiques ont été documentés dans 8 % des cas et les sévices psychologiques dans 29 % des cas.
- Ascendance autochtone : Alors que 5 % des enfants au Canada sont d'origine autochtone, 22 % des enquêtes corroborées concernent des enfants autochtones. Il est important de tenir compte de l’ascendance autochtone lorsqu'on effectue des recherches sur la protection d'enfance afin de mieux comprendre les facteurs de risque associés à cette surreprésentation.
- Fonctionnement de l'enfant : Dans 46 % des cas corroborés, l'intervenant en protection de la jeunesse a documenté au moins un problème de fonctionnement. Les difficultés scolaires étaient le motif le plus fréquemment signalé (23 %) et le deuxième était la dépression/l'anxiété/le retrait (19 %).
- Fonctionnement du donneur de soins : Dans 78 % des cas corroborés, l'enquêteur a noté un problème de fonctionnement ou plus, le plus courant étant la violence conjugale subie (46 %), le faible soutien social (39 %) et les problèmes de santé mentale (27 %).