La violence à l’endroit des enfants sévit partout dans le monde. Selon une estimation récente, au moins 50 % des enfants d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Nord auraient subi, au cours de la dernière année, de graves sévices aux mains de personnes chargées de s’occuper d’eux. Si nous arrivions à cerner les causes de cette violence et à véritablement agir sur elles, nous pourrions sans doute faire diminuer les cas de maltraitance. Nous analysons la nature et les effets de facteurs sociétaux possiblement en cause dans 42 pays.
Pays (Amériques : 7, Asie : 12, Afrique : 14, Europe : 9) – Dans chaque pays, on a colligé les données suivantes : région, niveau de développement, source des données, année, groupe d’âge de l’enfant de référence, taille de l’échantillon et taux de sévices et de négligence.
Facteurs sociétaux (11) – Afin de dégager d’éventuels facteurs sociétaux pertinents, des adjoints de recherche dûment formés ont consulté des sources accessibles au grand public. Pour un même facteur, ils ont consulté la même source dans tous les pays. Ils ont recueilli des données pour 122 variables, mais ils ont dû en abandonner 75, parce que l’information recherchée était introuvable dans 14 pays ou plus. Parmi les variables restantes, trois des auteurs ont choisi les deux qui représentaient le mieux 11 « construits » retenus par les chercheurs.
Résultats – On a observé une corrélation positive entre les sévices et un seul facteur seulement : l’inégalité entre les sexes. Par ailleurs, il y avait une corrélation positive entre la négligence et l’inégalité entre les sexes, le travail des enfants ainsi que le fardeau de la prise en charge d’un enfant, et une corrélation négative entre la négligence et la littératie générale, la littératie des femmes et l’indice de développement humain (fondé sur l’espérance de vie, le niveau de vie et l’éducation).
En se fondant sur des données d’étude individuelles et familiales antérieures, on a déjà élaboré des interventions efficaces. Cependant, les auteurs de la présente étude insistent sur l’importance des interventions axées sur les facteurs sociétaux, ces dernières étant les plus susceptibles d’avoir un effet significatif à l’échelle d’une population.
Les 42 pays retenus disposaient tous de données nationales sur les sévices ou la négligence infantiles, tirées d’échantillons aléatoires représentatifs constitués de déclarations d’enfants ou de parents. Les données de 36 des 42 pays provenaient d’enquêtes à grappes à indicateurs multiples (UNICEF, 2013), et celles des 6 pays restants étaient issues d’enquêtes démographiques et sanitaires (USAID, 2013). Par ailleurs, tous disposaient d’estimations des cas de sévices ou de négligence enregistrés au cours du mois précédent; les mesures utilisées ici se limitent aux véritables questions posées aux participants. Les taux signalés se fondent sur une seule et même liste de questions relatives aux punitions corporelles sévères infligées à un enfant de référence (de 2 à 14 ans) choisi au hasard au sein de la fratrie.
Les rapports exposés dans les présentes – entre le taux national de violence et de négligence infantiles et les estimations nationales à l’égard des facteurs sociétaux retenus – se fondent sur des coefficients de corrélation : corrélation simple pour les variables continues ou ordinales, et corrélation bisériale de point pour les variables dichotomiques. En raison des multiples comparaisons statistiques, nous avons appliqué des critères stricts : p < 0,001.