Placement en foyer de groupe et en centre de traitement résidentiel en protection de l’enfance : analyse de l’Étude canadienne sur l’incidence des signalements de vas de violence et de négligence envers les enfants – cycle 2003

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82
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DuRoss, C., Fallon, B., Black, T., & Allan, K.

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Feuillet d'information CWRP #82F. (2010). Toronto, ON: University of Toronto, Faculty of Social Work.

Les chercheurs et les intervenants en services d’aide sociale à l’enfance indiquent que la décision de placer un enfant dans un foyer de groupe doit être mûrement réfléchie et que cette solution est souvent proposée uniquement si la parenté ou les milieux de garde traditionnels ne sont pas capables de répondre adéquatement aux besoins de l’enfant.[fn value=1]Barth, R. P. (2002). Institutions vs. foster homes: The empirical base for the second century of debate. Chapel Hill: Annie E. Casey Foundation, University of North Carolina, School of Social Work, Jordan Institute for Families.[/fn] [fn value=2]James, S., Landsverk, J., Leslie, L. K., Slymen, D. J., & Zhang, J. (2008).Entry into restrictive care settings: Placements of last resort? Families in Society, 89, 348-359.[/fn]  Les résultats de l’Étude canadienne sur l’incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants, cycle 1998 (ECI-1998), indiquent que 8 % de toutes les enquêtes pour maltraitance effectuées cette année-là ont mené au placement de l’enfant dans un organisme de protection de la jeunesse, y compris en famille d’accueil, en foyer de groupe ou dans un centre de traitement résidentiel.[fn value=3]Trocmé, N., MacLaurin, B., Fallon, B., Dacuik, J., Billingsley, D., Tourigny, M., et coll. (2001). Étude canadienne sur l’incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants. Rapport final. Ottawa, ON : Travaux publics et Services gouvernementaux Canada.[/fn]

L’Étude canadienne sur l’incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants (ECI-2003) [fn value=4]Trocmé, N., Fallon, B., MacLaurin, B., Dacuik, J., Felstiner, C., Black, T., et coll. (2005). Étude canadienne sur l’incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants. Rapport final. Ottawa, ON : Travaux publics et Services gouvernementaux Canada.[/fn] a été effectuée à partir d’une compilation de données provenant de 55 [fn value=5]Au Québec, l’information a été extraite directement des systèmes d’information administrative.[/fn] lieux de services de protection de l’enfance de partout au Canada, à l’exclusion du Québec. Les intervenants en protection de l’enfance appartenant aux zones géographiques comprises dans l’échantillonnage ont rempli un instrument de trois pages sur les dossiers ouverts en protection de l’enfance pendant la période de collecte de données de cette étude en 2003. Cet instrument a servi à évaluer les caractéristiques de l’enfant et de la famille, le type et la durée de la maltraitance, la corroboration de la décision, les dispositions relatives au service à court terme et les orientations proposées à la famille.

L’ECI-2003 définit le foyer de groupe comme un milieu de vie de groupe structuré situé à l’extérieur du domicile de l’enfant. Un milieu résidentiel/fermé est un centre de traitement résidentiel. Sur environ 2182 enquêtes pour maltraitance envers des enfants âgés de 7 à 15 ans qui ont mené à des placements en foyer de groupe, la maltraitance a été corroborée dans 83 % des cas, soupçonnée dans 7 % des cas et non vérifiée dans 10 % des cas. Dans 78 % des enquêtes ayant mené à un placement en foyer de groupe ou en centre de traitement résidentiel, il est fait mention d’une intervention antérieure des services de protection de l’enfance et 41 % des enfants ont été maltraités pendant plus de six mois.
 

Quelle est la nature de la maltraitance menant à un placement en foyer de groupe et en centre de traitement résidentiel?

La figure 1 illustre les cinq principaux types de cas de maltraitance ayant mené à un placement en foyer de groupe.

  • Violence physique : 25 % des cas ayant donné lieu à une enquête
  • Violence sexuelle : 9 % des cas ayant donné lieu à une enquête
  • Négligence : 46 % des cas ayant donné lieu à une enquête
  • Violence psychologique : 14 % des cas ayant donné lieu à une enquête
  • Exposition à la violence familiale : 6 % des cas ayant donné lieu à une enquête

La négligence est la forme la plus courante de maltraitance. L’ECI-2003 la définit ainsi : défaut de superviser entraînant des sévices physiques ou un risque de tels sévices pour l’enfant; défaut de superviser entraînant un risque important de violence sexuelle; attitude permissive à l’égard d’un comportement criminel; négligence physique des besoins de l’enfant ou attitude permissive exposant l’enfant à un milieu dangereux; négligence médicale; défaut de soins pour un traitement psychologique; abandon ou négligence éducative.

La deuxième forme de maltraitance la plus courante est la violence physique. Dans 12 % des cas, l’enfant a été secoué, poussé, attrapé ou projeté.

La troisième forme de maltraitance la plus courante est la maltraitance psychologique qui, dans 11 % des cas, est caractérisée par la violence psychologique.
 

Quelles sont les caractéristiques de fonctionnement des enfants placés en foyer d’accueil ou suivant un programme en traitement résidentiel?

Dans 81 % des enquêtes ayant mené à un placement en foyer de groupe, en centre de traitement résidentiel ou en cure fermée, le dossier indique que l’enfant a des problèmes de comportement. Dans 70 % des enquêtes, le dossier mentionne au moins un problème physique, psychologique ou cognitif chez l’enfant. Les problèmes de comportement courants sont : activités à risque avec les pairs (58 %), absentéisme scolaire (52 %), au moins une tentative de fugue (46 %) et de la violence à l’égard des autres (43 %). Les auteurs de l’ECI-2003 ont noté des tentatives de fugues, cependant, ils n’ont pas clairement indiqué si elles avaient eu lieu avant ou après le placement. De plus, les enquêtes ont relevé des problèmes d’internalisation y compris la dépression, l’anxiété et les comportements autodestructeurs dans 30 à 44 % des cas. Ces résultats correspondent à ceux des précédentes recherches qui ont découvert que les enfants placés dans les foyers de groupe et dans les centres de traitement résidentiels avaient tendance à manifester des difficultés scolaires, de l’agressivité, de l’impulsivité, des problèmes interpersonnels et des comportements liés aux troubles de la conduite.[fn value=6]Curtis, P. A., Alexander, G., & Lunghofer, L. A. (2001). A literature review comparing the outcomes of residential group care and therapeutic foster care. Child & Adolescent Social Work Journal, 18, 377-392.[/fn] Ce sont souvent ces problèmes qui entraînent le placement dans des milieux de protection de l’enfance restrictifs afin de répondre aux besoins importants de ces enfants.
 

Quels sont les facteurs de risque des personnes qui prennent soin des enfants placés en foyer de groupe ou en centre de traitement résidentiel?

Dans toutes les maisons familiales où s’est déroulée une enquête pour maltraitance, l’ECI-2003 a recueilli des données concernant les facteurs de risque relatifs aux personnes s’occupant des enfants. La figure 2 présente les facteurs de risque les plus courants dans les cas ayant mené à un placement en foyer de groupe, en centre de traitement résidentiel ou en cure fermée. Ces facteurs sont : le manque de soutien social (40 %); le fait d’être victime de violence familiale (35 %), les problèmes de santé mentale (34 %), l’alcoolisme (28 %) et les antécédents de mauvais traitements pendant l’enfance (28 %).

Dans le cycle 2003 de l’ECI, 17 % des cas non corroborés ou soupçonnés ont entraîné un placement dans les foyers de groupes ou dans un centre de traitement résidentiel. Dans certains de ces cas, le placement pouvait être le résultat d’une entente volontaire de garde entre les personnes s’occupant des enfants et les intervenants en protection de l’enfance. Si l’on combine ces données avec les préoccupations relatives au fonctionnement de l’enfant inscrites dans le dossier, l’image qui se dégage suggère que les personnes s’occupant des enfants ne disposent peut-être pas des moyens nécessaires pour gérer adéquatement les besoins comportementaux ou émotionnels de leurs enfantsn.

Les résultats de cette étude permettent de mieux comprendre les problèmes de comportement importants des enfants placés en foyer de groupe ou en centre de traitement résidentiel ainsi que les facteurs de risque relatifs aux personnes qui prennent soin d’eux. Cependant, des questions demeurent en ce qui a trait à l’efficacité possible d’autres types de placement moins onéreux que ces soins dispensés en milieu restrictif. Étant donné l’insatisfaction de bon nombre de ces enfants dans ces milieux et les problèmes de comportement qu’ils manifestent pendant leur prise en charge [fn value=7]U.S. Department of Health and Human Services, Administration for Children, Youth and Families. (pas de date de publication). National Survey of Child and Adolescent Well-Being (NSCAW), No. 2: Foster children’s caregivers and caregiving environments, Research brief, Findings from the NSCAW study. Extrait de https://www.acf.hhs.gov/opre/resource/national-survey-of-child-and-adolescent-well-being-nscaw-no-2-foster[/fn], des solutions de rechange moins coûteuses et moins restrictives au sein du réseau de protection de l’enfance pourraient s’avérer viables pour de nombreux enfants.

About the Authors

Barbara Fallon est assistante professeure au Factor-Inwentash Faculty of Social Work, University of Toronto.

Tara Black est la co-administratrice de l'ECI-2008 ainsi que candidate au doctorat au Factor-Inwentash Faculty of Social Work, University of Toronto.

Ce feuillet d’information est basé sur l’article de DuRoss, C. R., Fallon, B., & Black, T. (2010). Group home and residential treatment placements in child welfare: Analyzing the 2003 Canadian Incidence Study of Reported Child Abuse and Neglect (CIS-2003). Canada’s Children, 16(3), 67-76.