Journal of Family Violence, Volume 23, Issue 4, pp. 231-242
De plus en plus de recherches indiquent que les premières tendances de comportements agressifs et de troubles de conduite laissent prévoir un comportement violent ultérieur, incluant la violence familiale et la violence envers les enfants. Cette étude a mis à profit la modélisation par équation structurelle pour vérifier l’hypothèse voulant que les tendances de comportements mésadaptés pendant l’enfance puissent influencer le fonctionnement des individus plus tard dans leur vie de diverses manières. Les données ont été tirées de l’Enquête longitudinale sur les risques de l’Université Concordia, amorcée en 1976, qui a étudié 1 770 enfants francophones issus d’un secteur défavorisé de Montréal, au Québec. L’échantillon observé dans le cadre de cette étude était composé de tous les participants actifs qui étaient devenus parents, qui vivaient avec au moins un de leurs enfants au moment de la cueillette de données la plus récente et qui avaient rempli le questionnaire sur l’échelle de conflits (Conflict Tactics Scale). Les participants de l’échantillon de la violence parentale (N=357, dont n=249 mères et n=108 pères) avaient en moyenne 34,10 ans et 12,2 années de scolarité.
Les résultats ont montré que pour les pères, la violence pendant l’enfance laissait prévoir directement la violence envers les enfants. Pour les mères, la violence pendant l’enfance laissait prévoir indirectement la violence envers les enfants, par l’entremise des répercussions d’un rendement scolaire plus faible et d’un rôle parental moindre dans le contexte de l’absence parentale. Des liens directs ont été observés entre la violence durant l’enfance et la violence conjugale pour les pères et les mères. En résumé, la violence durant l’enfance peut être un précurseur identifiable de la violence familiale et de la violence faite aux enfants, et ce, autant chez les hommes que chez les femmes.