Les auteurs ont cherché à mieux comprendre l’impact de la migration, les ressources perdues lors de l’immigration au Canada et le lien possible avec l’implication des services de protection de l'enfance. Ils ont utilisé une approche qualitative inductive pour interviewer 20 participants d’origine sud-asiatique dans une grande ville cosmopolite canadienne. Les questions concernaient l’histoire de la famille, de la migration, de l’établissement, l’impact de la diversité culturelle et raciale, la disponibilité du soutien social dans le nouveau pays, les ressources financières, l’impact psychologique de la migration, les problèmes entre les parents et les enfants les problèmes de parentage et l’intervention de la protection de l’enfance. Les familles interviewées étaient au Canada depuis 12 ans en moyenne, leur niveau de scolarité allait du secondaire au diplôme professionnel postsecondaire, leur revenu moyen était de 30 000 $, le mariage de la plupart des participants était intact et ces derniers avaient deux enfants en moyenne.
Les thèmes majeurs qui ressortent des entrevues sont les suivants : solitude et manque de soutien disponible, tension financière, titres de compétences non reconnus, difficultés à trouver du travail, difficultés linguistiques et difficultés à subvenir aux besoins de la famille ainsi qu’un sentiment de trahison et de désespoir à l’égard de ce que la migration avait à offrir. Les auteurs ont découvert que ces thèmes avaient tous un impact majeur sur les relations parents-enfants, ce qui se entraînait souvent l’intervention des services de protection de l'enfance.
Les auteurs concluent que les agences de protection de l'enfance et les programmes de services sociaux pourraient cibler plusieurs stresseurs; cependant, la perte globale de ressources n’est pas facile à combler. La perte de ressources importantes chez ces familles a laissé un puissant impact. Les recommandations relatives à la pratique sont de tenter de limiter cette perte de ressources en établissant des liens entre les nouveaux arrivants et les autres partenaires de la communauté et ceux qui partagent leur pratiques culturelles afin de réduire le sentiment d’isolement. Les auteurs recommandent aussi de fournir aux nouveaux arrivants des logements abordables, de qualité et aisément disponibles. Ils soulignent que les professionnels de la protection de l'enfance doivent aider les familles à répondre aux exigences de leur environnement et tenir compte des autres facteurs liés à la protection de l'enfance.