Journal of Family Violence, Volume 22, Issue 8, pp. 661-674
Cette étude visait à établir les différences entre trois catégories de familles : 1) les familles dans lesquelles s'exerce de la violence entre conjoints, 2) les familles où les enfants sont victimes de violence commise par leurs parents et 3) les familles où il les deux formes de violence, familiale et parentale, coexistent. Les auteurs souhaitaient également documenter les facteurs liés aux trois groupes étudiés et mettre au point un modèle explicatif des différents types de violence en rapport avec le schéma typologique familial. L'étude a été réalisée sur un échantillon de 3 148 mères, choisies parmi les répondants à un sondage sur la violence familiale réalisé au Québec en 2004.
L'étude a révélé que les individus du groupe présentant les deux formes de violence avaient davantage été victimes de violence familiale dans leur enfance, ils avaient un niveau d'instruction plus faible et avaient une perception plus sombre de leur relation avec leur conjoint, de leur situation financière et de leur isolement que ceux des deux autres groupes. C'est également dans ce groupe que les mères ont déclaré les niveaux de stress parental les plus élevés. Il n'y avait cependant aucune différence entre les trois groupes quant aux revenus.
L'étude a toutefois fait ressortir des différences importantes entre les trois groupes en ce qui a trait aux croyances et aux conceptions relatives à la violence parentale. Les mères du groupe où s'exerçait de la violence parentale avaient davantage tendance à justifier ce comportement par la mauvaise conduite des enfants.
Ces résultats mettent en lumière la vulnérabilité sociale des familles où coexistent plusieurs formes de violence et révèlent l'existence de liens complexes entre de nombreuses variables dans les contextes de violence familiale, ce qui réfute la thèse voulant que la violence familiale soit uniquement fonction des déterminants de l'agresseur et de la victime.