Cette étude se penche sur l’invisibilité des pères dans le système de protection de l'enfance au Canada. Les auteurs examinent les politiques de protection de l'enfance qui semblent promouvoir et renforcer le « désengagement » du père, à la fois relativement à la maltraitance, à sa participation et à son inclusion dans les services de protection de l'enfance. Cette étude comprend une recension de 116 dossiers de protection de l'enfance sélectionnés aléatoirement dans une agence de protection de l'enfance d’une ville de taille moyenne au Canada. Les analyses de politiques, de pratiques, de littérature, d’études de cas démontrent l’omniprésence de la non-pertinence des pères dans le système de protection de l'enfance. L’étude révèle que presque 50 % des pères sont considérés comme non pertinents pour les mères et les enfants; que les agences de protection de l'enfance ne communiquent pas avec plus de 60 % des pères jugés représenter un risque pour les enfants et dans la moitié des cas, ne communiquent pas avec eux lorsqu’ils représentent un risque pour la mère.
Les agences de protection de l'enfance ne pensent pas souvent aux pères comme ressource pour le placement, même lorsque l'enfant est placé sous tutelle permanente. De plus, souvent, les mères ne les mentionnent pas pour des raisons économiques et liées aux prestations d’aide sociale. Les jeunes blanches qui travaillent sont majoritaires à promouvoir la mère comme protectrice et agente responsable du changement chez le père, même si c’est elle qui est la victime. De plus, l’étude souligne que la formation en travail social ne traite pas de la participation des pères, ce qui accentue la responsabilité des femmes et l’invisibilité des hommes en ce qui a trait aux soins dispensés à l’enfant dans le système de protection de l'enfance.