Dans cette étude, des chercheurs de l’Université du Manitoba, de l’Université McGill et de l’Université de Western Ontario ont examiné l’étendue à laquelle les blessures infligées à des enfants lors des signalements de cas de violence physique pouvaient être prédits par les caractéristiques des enfants, les caractéristiques des auteurs, ou leurs caractéristiques socio-économiques. L’étude a testé la supposition selon laquelle des incidents de violence physique infligés à des enfants occasionnant des blessures physiques sont qualitativement différents de ceux n’occasionnant pas de blessures. Travaillant à partir d’une base de données – provenant de l’Étude d’incidence canadienne – de 8164 cas corroborés de maltraitance physique infligée par au moins un parent biologique dans lesquels un intervenant a jugé qu’il y avait eu punition inappropriée, les chercheurs ont construit plusieurs modèles afin de prédire les blessures. Les blessures avaient préalablement été enregistrées en tant que sévices physiques dans plusieurs catégories, mais puisqu’il y avait relativement peu de blessures, cette étude a seulement cherché à prédire si un enfant avait été blessé ou non (i.e., le type de blessure ne pouvait pas être prédit).
Les résultats montrent que plus de la moitié des incidents d’abus n’ont pas occasionné de blessures chez l’enfant, et qu’aucun des prédicateurs potentiels (âge de l’enfant, sexe de l’auteur, fonctionnement de l’enfant, fonctionnement du parent, stress économique et stress social) ne prédisaient de blessures à l’enfant. Les résultats suggèrent que la violence physique occasionnant des blessures ne peut pas être distinguée de la violence physique n’occasionnant pas de blessures si on se base sur les caractéristiques ou les circonstances personnelles de l’enfant ou de l’auteur.
Implications pratiques : Il est souvent demandé aux travailleurs en protection de l’enfance de prédire si un enfant est à risque de blessure lorsqu’ils doivent prendre la décision d’intervenir dans des situations de maltraitance potentielle. Les résultats de cette étude suggèrent que dans les cas corroborés d’abus parental dans un contexte de punition, les blessures ne peuvent pas être prédites par plusieurs des facteurs que les travailleurs en protection de l’enfance doivent considérer, incluant la vulnérabilité physique de l’enfant, le fonctionnement psychologique de l’enfant ou du parent, ou le stress social. Ceci suggère que le fait de prédire des blessures en utilisant ces simples facteurs comme critères d’intervention pourrait s’avérer d’une validité questionnable.