Une étude longitudinale montre que les peuples autochtones et du détroit de Torrès sont surreprésentés dans le système sud-australien de protection de l’enfance

Date Published
Source

Delfabbro, P., Hirte, C., Rogers, N., & Wilson, R. (2010). The over-representation of young Aboriginal or Torres Strait Islander people in the South Australian child system: A longitudinal analysis. Children and Youth Services Review, 32, 1418-1425.

Reviewed by
Mireille De La Sablonnière-Griffin
Summary

Dans les pays comme les États-Unis, le Canada et la Nouvelle-Zélande, la surreprésentation des enfants autochtones et appartenant aux minorités dans le système de protection de l'enfance est rapportée à répétition. Cependant, la plupart des études utilisent une méthodologie de recherche transversale qui n’offre qu’un instantané de la situation. Les chercheurs de cette récente étude australienne ont utilisé une méthode longitudinale et comparative pour évaluer la situation des enfants autochtones et des Îles du détroit de Torrès (EAIDT) dans le système sud-australien de protection de l'enfance. Les chercheurs ont collecté les données sur les signalements et la corroboration de la maltraitance de façon rétrospective dans le système de protection de l'enfance pour trois cohortes de naissance différentes : 1991, 1998 et 2002. Ils ont colligé le nombre de naissances vivantes et l'origine culturelle à partir de données du ministère de la Santé, sauf en ce qui a trait à l'origine culturelle pour l'année 1991, qui est basée sur des estimations.

Les résultats montrent que les enfants EAIDT sont surreprésentés dans le système de protection de l'enfance sud-australien. Leur nombre est estimé à 3 à 4 % pour la cohorte de naissances de 1991, pourtant ils représentent 10 % des signalements à la protection de la jeunesse pour cette cohorte en 2007 (à l'âge de 17 ans). Selon l'estimation du pourcentage utilisé (3 % ; 3,5 % ; 4 %), ces chiffres signifient qu'entre 57 et 76 % de tous les enfants EAIDT nés en 1991 ont fait l'objet d'un signalement à la protection de la jeunesse à un moment donné de leur vie. Pour l'ensemble de la cohorte de 1991 (soit les enfants EAIDT et les autres), 22,5 % de tous les enfants nés cette année ont fait l'objet d'un signalement à la protection de la jeunesse à un moment de leur vie.

Les autres résultats importants concernant les enfants EAIDT, en comparaison avec les autres, sont les suivants : les premiers font plus souvent l'objet d'un signalement, ils sont plus susceptibles d'être signalés pour des raisons de maltraitance psychologique et de négligence, le signalement est plus susceptible de faire l'objet d'une enquête et d’être corroboré et le signalement est jugé plus grave. De plus même en tenant compte des facteurs d'influence possibles comme le nombre de signalements, l'âge au moment du premier signalement et la gravité du signalement, les chercheurs ont établi un lien significatif entre le statut d'Autochtone, la corroboration générale et les taux de corroboration de négligence. Enfin, comparés à la cohorte de naissances de 1991, les enfants EAIDT nés en 1998 et 2002 étaient plus susceptibles d'être signalés à la protection de l’enfance.

Les résultats de cette étude appuient les résultats des études transversales qui ont démontré que les enfants autochtones sont surreprésentés dans les systèmes de protection de l'enfance, particulièrement en ce qui concerne les problèmes de négligence et de violence psychologique. Les comparaisons entre les cohortes soulignent l’importance de comprendre l'évolution du système de protection de l'enfance au fil du temps afin de mieux répondre aux besoins des enfants, des familles et des collectivités.

Methodological notes

This study is methodologically strong in providing a longitudinal frame. The authors selected the 1991 birth cohort to capture the youngest birth cohort for which 17 years of data were available at the time of the study (2007). They selected 1998 and 2002 for comparison because they marked important changes in the child protection system in South Australia. However, two main limitations must be acknowledged. First of all, the cultural background was not noted in 1991 and reliance on estimates was necessary. Secondly, the study assumes that the birth cohorts remained constant over time, which is most likely not the case. Children born into the South Australian jurisdiction may have moved out of the area and other children born in the birth cohort years may have moved into the jurisdiction after their birth.