Si la faiblesse du revenu est un facteur de risque fréquent au chapitre de la prise en charge du bien-être de l’enfant, l’analyse en contexte élargi débouche sur une compréhension plus poussée de la relation entre les difficultés financières et la prise en charge. Il est démontré dans cette étude comment on fait abstraction dans la faiblesse du revenu l’accroissement de la prise en charge du bien-être de l’enfant; ce sont les « contextes de désespoir et de défavorisation » issus de la pauvreté qui entraînent la hausse des signalements.
Cette étude a pris la forme d’entretiens qualitatifs avec 40 parents défavorisés de Providence, au Rhode Island, qui avaient fait l’objet d’une enquête pour maltraitance d’enfants. La majorité de la population de l’étude était des mères vivant sous le seuil de pauvreté fédéral et dont le ménage recevait des prestations de l’État. Presque tous ces ménages avaient été aux prises avec l’adversité sous une forme telle que l’intervention du système de justice pénale, de la violence conjugale, des problèmes de santé mentale et/ou d’itinérance. L’étude a fait ressortir qu’une prise en charge accrue du bien-être de l’enfant est directement associée à ces « difficultés parentales issues de la pauvreté » qui se sont traduites par une hausse du stress et de la probabilité de maltraitance perçue des enfants. En contexte d’intervention des forces de l’ordre ou d’institutions, il était fréquent que les signalements aux services de protection de l’enfance s’appliquent automatiquement. L’étude a de plus révélé que les « liens de réseau défavorisés » des parents, tels que les partenaires amoureux ou les fournisseurs de soins à l’enfance connus des autorités, étaient associés à une plus grande probabilité de signalements en matière de bien-être de l’enfant. De même, la pauvreté contribue à nuire aux relations et à aggraver la dépendance économique des réseaux sociaux instables. Les « ruptures amoureuses » entraînent parfois une hausse des déclarations en matière de bien-être de l’enfant qui est reconnue comme étant une norme d’exercice du pouvoir dans certains milieux défavorisés. En dernier lieu, l’étude a révélé que le recours aux services sociaux augmente la visibilité et la surveillance des pratiques parentales. Les services mêmes dont le bien-être des parents dépend augmentent la probabilité que ces derniers fassent l’objet d’une déclaration à un organisme de protection de l’enfance.
Cette étude propose une analyse exhaustive de la pauvreté et de la façon dont les « facteurs aggravants » augmentent le risque d’intervention dans les familles du système de protection de l’enfance. Elle fait une distinction nette entre la maltraitance des enfants et les signalements sur leur bien-être. Au nombre de ses limites, mentionnons que seuls des parents anglophones ont été recrutés, de sorte qu’elle peut exclure les cas particuliers d’immigrants de fraîche date dans le système de protection de l’enfance.