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Corroborer un signalement de maltraitance envers les enfants : facteurs décisionnels en Ontario

Année de publication
Revu par
Katelyn Bailey
Citation

Stoddart, J. K., Fallon, B., Trocmé, N., & Fluke, J. (2018). Substantiated child maltreatment: Which factors do workers focus on when making this critical decision? Children and Youth Services Review, 87, 1-8.

Résumé

Cette étude évalue les caractéristiques de l’enfant, de la famille et de l’environnement qui poussent les travailleurs ontariens à corroborer un signalement de maltraitance; elle vise à enrichir les publications limitées sur le sujet au Canada.

Elle utilise les données secondaires de l’Étude ontarienne sur l’incidence (EIO), une étude provinciale qui examine l’incidence des cas de violence et de négligence envers les enfants en Ontario, principalement à partir des renseignements fournis par les organismes de protection de l’enfance. L’EIO a recueilli des données sur 5 265 enfants ayant fait l’objet d’enquêtes sur les mauvais traitements tirées d’un échantillon représentatif de 17 organismes de protection de l’enfance. Les données, recueillies directement auprès des travailleurs une fois les enquêtes terminées, incluaient la description de la maltraitance présumée et des renseignements sur les autres enfants, la famille et l’enquête elle-même. L’étude avait pour variable dépendante l’issue de l’enquête, soit la corroboration ou non du signalement. Les variables indépendantes étaient notamment les formes de maltraitance, l’origine ethnique de la principale personne responsable de l’enfant, sa réaction à l’enquête, les problèmes de fonctionnement de l’enfant, la source du signalement, les antécédents de maltraitance, les risques associés au logement, la violence physique et le risque de maltraitance future. Une analyse de régression logistique a servi à examiner les facteurs décisionnels. Les enquêtes sur des cas présumés n’ont pas été incluses dans l’analyse multivariable.

Au total, 44 % des signalements effectués dans la province ont été corroborés. Toutes les variables, sauf l’origine ethnique des personnes responsables de l’enfant et les antécédents de maltraitance corroborée, se sont révélées d’importants prédicteurs de l’issue de l’enquête. L’évaluation par le travailleur du risque de maltraitance future augmentait la probabilité de corroboration de 6,6 fois. De plus, la forme de maltraitance la plus susceptible d’être corroborée était l’exposition à la violence conjugale, qui augmentait de 5 fois la probabilité de corroboration comparativement à un signalement de violence physique. Les facteurs de risques associés à la personne responsable de l’enfant faisaient augmenter de 2,2 et de 3,9 fois la probabilité de corroboration, et la non-coopération des parents, de 1,5 fois. De plus, les cas où l’enfant présentait des problèmes de fonctionnement émotionnel ou mental étaient 1,7 fois plus susceptibles d’être corroborés, tout comme les cas où il y avait un problème de fonctionnement cognitif ou physique et ceux où le signalement avait été effectué par une source professionnelle.

Notes méthodologiques

L’utilisation de données autodéclarées par les travailleurs en protection de l’enfance peut entraîner des biais non contrôlés. Les études futures devraient évaluer les facteurs organisationnels et liés aux travailleurs qui influencent la probabilité de corroboration, et l’influence des outils d’évaluation actuels sur l’estimation du risque futur de signalement et de corroboration par les travailleurs; cela nous permettrait de dresser un portrait plus complet des facteurs décisionnels de corroboration associés aux cas de maltraitance en Ontario.