Les difficultés scolaires comptent parmi les troubles fonctionnels le plus souvent mis au jour chez les enfants pris en charge par les services sociaux. L’article rend compte des données issues de l’étude Ontario Incidence Study of Reported Child Abuse and Neglect (OIS-2013), qui reposait sur un vaste échantillon d’enquêtes en matière de protection des enfants (n = 4 033) menées auprès de jeunes âgés de 4 à 15 ans provenant de 17 organismes sélectionnés suivant un échantillonnage à plusieurs degrés. On a analysé les réponses à des formulaires individuels d’évaluation de la maltraitance, remplis par les travailleurs sociaux au terme des enquêtes, afin d’examiner le lien possible entre les difficultés scolaires et 1) les catégories de maltraitance ainsi que 2) le transfert à des services permanents de protection de l’enfance.
Résultats : Dans l’échantillon total, des difficultés scolaires ont été observées chez 26 % des garçons et 16,7 % des filles. Lorsqu’on a croisé la fréquence et 12 variables relatives à l’enfant, au foyer et à la maltraitance, le test du chi carré a révélé une significativité statistique élevée (p < 0,001) dans tous les cas. Par ailleurs, on a constaté que les difficultés scolaires étaient plus fréquentes chez les élèves autochtones que chez ceux de toute autre origine ethnique.
1) Les catégories de maltraitance le plus étroitement liées aux difficultés scolaires étaient la négligence, la violence physique et la violence psychologique. Les catégories pour lesquelles le lien était le moins marqué étaient l’abus sexuel et l’exposition à la violence interpersonnelle.
2) Les principaux facteurs prédictifs d’un transfert à des services permanents de protection de l’enfance étaient un logement inadéquat et la présence de troubles fonctionnels chez les parents ou tuteurs. Les difficultés scolaires à elles seules n’avaient pas une forte valeur prédictive à cet égard; cependant, comme elles s’accompagnaient souvent d’autres problèmes (p. ex., dépression, anxiété, toxicomanie), elles pouvaient aboutir vers une telle démarche.
Selon les auteurs, les écoles sont aptes à repérer les facteurs prédictifs de difficultés scolaires (p. ex., logement inadéquat, parents/tuteurs aux prises avec des troubles fonctionnels et manque de soutien social). Ils affirment qu’en repérant rapidement les élèves à risque, on pourrait leur offrir un soutien ciblé – un tutorat plus intensif, par exemple – avant que les difficultés scolaires ne s’enracinent. Une intervention plus rapide pourrait réduire au minimum les répercussions de ces difficultés, amoindrir la détresse des jeunes et améliorer le sort des enfants et de leur famille.
Les données de l’étude OIS-2013 ont été recueillies sur une période d’échantillonnage de 3 mois (du 1er octobre au 31 décembre), donc sans variation liée à la saison ou à l’année scolaire. La présence de difficultés scolaires était évaluée par les enquêteurs désignés seulement, sans vérification par une partie indépendante. Les données n’ont été consignées qu’au cours des 30 premiers jours des enquêtes.
L’analyse des données s’est révélée compliquée. Le lien entre les difficultés scolaires et les variables propres à chaque cas a été évalué à l’aide de tableaux croisés et de tests du chi carré, pour la détermination de la significativité statistique. On a mesuré les effets relatifs du type de maltraitance, des difficultés scolaires et d’autres variables sur la décision de transférer un jeune à des services permanents de protection de l’enfance grâce à un modèle de régression logistique multiple.
On avait pondéré à deux reprises l’ensemble de données original de l’étude OIS-2013 pour pallier 1) le processus de sélection intentionnelle des organismes et 2) la courte période d’échantillonnage (octobre à décembre). L’article décrit la méthode de pondération, qui a donné lieu à un total pondéré de N = 95 565. On a réalisé les tests statistiques en tenant compte de la taille tantôt de l’échantillon pondéré (tableaux croisés), tantôt de l’échantillon réel (analyses de régression logistique). Il s’agissait d’un processus complexe dont la description n’était pas toujours facile à suivre.