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Intervention pour améliorer le développement du langage des tout-petits en famille d'accueil

Année de publication
Revu par
Marianna Healey
Citation

Lee Raby, K., Freedman, E., Yarger, H.A., Lind, T., & Dozier, M. (2018). Enhancing the language development of toddlers in foster care by promoting foster parents’ sensitivity: Results from a randomized controlled trial. Developmental Science, e12753.

Résumé

Les enfants placés en famille d’accueil courent un risque de développer un trouble du langage. Or, il a été prouvé que les interventions parentales précoces axées sur la sensibilité favorisent le développement du langage chez les jeunes enfants. On pense que cette amélioration serait due aux effets du parentage sensible sur la motivation à communiquer des enfants et leurs compétences en la matière : en effet, les enfants exposés à ce style parental reçoivent davantage d’interactions verbales. Les auteurs de l’étude cherchaient à améliorer le développement du langage chez les jeunes enfants placés en famille d’accueil en formant les parents d’accueil à effectuer une intervention axée sur la sensibilité et conçue expressément pour les jeunes enfants ayant vécu des expériences négatives (appelée Attachment and Biobehavioral Catch-up for Toddlers, ou ABC-T). L’efficacité d’une version adaptée de cette intervention sur les nourrissons vivant en famille d’accueil a déjà été démontrée; cette étude visait à déterminer l’efficacité des interventions ABC sur un groupe d’enfants plus âgés (24 à 36 mois).

Les parents d’accueil ont été aléatoirement répartis en deux groupes : le premier (n = 45) suivait le programme ABC-T, et le deuxième (n = 43) effectuait une intervention témoin d’une durée comparable, mais non axée sur la sensibilité, soit une formation sur le développement pour les familles. Les deux interventions consistaient en 10 semaines d’encadrement à domicile suivant un protocole précis. Les cliniciens travaillant auprès des parents ont reçu une formation (sur vidéo, par souci de fidélité) portant sur l’une des deux interventions, sans savoir laquelle était le sujet de l’expérience. On a ensuite filmé à plusieurs reprises les interactions entre les parents d’accueil et leur enfant pendant des périodes de jeu semi-structuré : avant l’intervention, tout de suite après, et à quelques moments prédéterminés par la suite. Des codeurs fiables ont ensuite déterminé la sensibilité observée dans les vidéos à l’aveugle. Le Peabody Picture Vocabulary Test-Third Edition (PPVT) a été utilisé pour mesurer les capacités de compréhension du vocabulaire des enfants à environ 36, 48 et 60 mois.

Les parents d’accueil ayant suivi le programme ABC-T ont fait preuve de plus de sensibilité que ceux du groupe témoin, et enfants dont ils s’occupaient ont également montré une meilleure capacité de compréhension du vocabulaire. Les effets positifs de l’intervention ABC-T étaient donc induits par le parentage sensible.

Notes méthodologiques

L’étude a ses limites : elle n’a pas évalué les compétences en matière de vocabulaire de tous les enfants avant l’intervention. Comme on ne peut faire passer le PPVT qu’aux enfants de 30 mois et plus, cette mesure ne s’applique pas à ceux qui ont commencé l’intervention avant cet âge. Toutefois, les caractéristiques démographiques des enfants et des parents d’accueil ne différaient pas notablement entre le groupe d’intervention et le groupe témoin. De plus, les parents ont tous obtenu des scores de sensibilité semblables avant l’intervention. Ces facteurs permettent d’attribuer une plus grande fiabilité à l’association entre les différences de compétence observées chez les enfants après l’intervention et les effets de l’intervention. Une autre limite concerne le taux d’abandon : des 205 familles ayant accepté de participer à l’étude, seules 88 sont restées suffisamment longtemps pour être incluses dans les analyses. De plus, certains enfants de ces familles n’ont pas participé à tous les suivis vidéo et autres (n = de 32 à 58 enfants pour les visites de suivi à 36, 48 et 60 mois). Même si les analyses n’ont montré aucune différence entre les familles retenues et exclues de l’échantillon, on peut supposer que les familles incluses dans les données finales représentent un sous-groupe plus stable. D’autres études seront nécessaires pour déterminer la mesure dans laquelle ces résultats s’appliquent aux familles d’accueil en général, et les effets de cette intervention sur d’autres aspects du développement de l’enfant.