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La négligence ainsi que la pauvreté de la famille et du quartier pendant l’enfance laissent entrevoir une vie adulte difficile

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Résumé

Négligence, pauvreté de la famille ou du quartier, trouble de stress post-traumatique (TSPT), trouble dépressif majeur (TDM), faible rendement scolaire et démêlés avec la justice pénale : voilà autant de facteurs pouvant amoindrir la qualité de vie. Certaines personnes doivent composer avec un seul de ces écueils, mais parfois, ces derniers s’entrecroisent dans une sorte de symbiose qui rend difficile la mise en évidence de corrélations, de mécanismes d’interaction et, par le fait même, d’éventuelles interventions. La présente étude quantitative repose sur un modèle écologique. L’équipe cherchait à déterminer, dans un premier temps, l’influence de la pauvreté de la famille et du quartier sur la négligence à l’égard des jeunes enfants, puis, dans un deuxième temps, la valeur prédictive de ces facteurs à l’égard du TSPT, du TDM, du faible rendement scolaire et de la dérive criminelle à l’âge adulte.

Ce projet s’inscrit dans une étude longitudinale pour laquelle on a apparié des enfants maltraités et des enfants n’ayant pas fait l’objet de maltraitance, que l’on a suivis de manière prospective jusqu’à l’âge adulte. Les cas de maltraitance admis à l’étude, tous jugés fondés par un tribunal entre 1967 et 1971, portaient sur 1 575 enfants. Au total, 1 307 (83 %) sujets de cet échantillon ont été retrouvés et interviewés entre 1989 et 1995.

Afin d’étudier l’effet de la pauvreté du quartier sur la santé mentale et le rendement scolaire de l’enfant de même que sur la dérive criminelle, on a eu recours à la modélisation linéaire hiérarchique (MLH), cette méthode permettant la prise en compte de l’effet de niche (l’enfant étant « niché » dans un quartier). La probabilité de survenue d’un TSPT (RC = 1,68), de perpétration d’actes criminels à l’âge adulte (RC = 1,73) et de rendement scolaire déficient (b = -,39) s’est révélée plus forte dans le groupe ayant fait l’objet de négligence pendant l’enfance que dans le groupe témoin, après prise en compte des effets de la pauvreté de la famille et du quartier dans le même modèle. Cette étude a également montré que la négligence infantile et la pauvreté de la famille ou du quartier étaient tous, dans l’absolu, des facteurs laissant présager une vie adulte difficile. C’est pourquoi les auteurs estiment qu’en cas de négligence infantile, il faut tenir compte de l’importance du contexte écologique dans le développement de l’enfant lors du choix des interventions.

Notes méthodologiques

Cette étude compte plusieurs atouts : vaste échantillon, appariement rigoureux pour la constitution d’un groupe témoin et plan d’étude longitudinal. En raison des effets de cohorte, elle est toutefois difficilement généralisable; de plus, le fait que les cas de négligence ne soient pas tous signalés pourrait fausser certains résultats.