Des travaux antérieurs ont montré que l’atteinte d’un niveau de scolarité plus élevé pouvait améliorer les perspectives d’emploi chez les jeunes placés en structure d’accueil et parvenant à l’âge adulte. Dans la présente étude, on s’est intéressé à l’importance des résultats à long terme chez les jeunes en placement hors famille et on a évalué dans quelle mesure la prolongation du placement en structure d’accueil favorisait l’atteinte d’un niveau de scolarité plus élevé.
L’étude a été réalisée dans trois États du Midwest des États Unis. Les données proviennent de la Midwest Evaluation of the Adult Functioning of Former Foster Youth (étude du Midwest), étude longitudinale au cours de laquelle on a suivi des sujets autrefois placés en structure d’accueil au moment de leur passage à l’âge adulte. Pour être admissibles à l’étude, les jeunes confiés à la protection de la jeunesse devaient être en placement hors famille depuis au moins 1 an et avoir plus de 17 ans (âge moyen : 20, âges extrêmes : 17 et 26). Au total, on a interviewé 732 jeunes admissibles en cinq « vagues », entre mai 2002 et mars 2003. Outre le sexe, la race et l’âge consignés lors de la première vague, on a mesuré les variables ci-après lors de chacune des vagues : projets d’études postsecondaires, capacité de lecture, nombre de placements pendant la prise en charge par la protection de la jeunesse, niveau de scolarité, consommation de drogues ou d’alcool et délinquance. À la cinquième vague, les chercheurs ont porté leur attention sur le taux de scolarité le plus élevé atteint. On a enregistré un taux d’abandon de 90,8 %; l’effritement en fin d’étude a été principalement le fait des participants de sexe masculin.
Au moyen d’une régression logistique ordinale, les chercheurs ont analysé le niveau de scolarité atteint. Ils ont défini trois résultats possibles : (1) niveau inférieur au cours secondaire, (2) diplôme d’études secondaires ou l’équivalent et (3) une année d’université ou plus. À 26 ans, 18 % des jeunes adultes ayant vécu en structure d’accueil n’avaient pas encore de diplôme d’études secondaires ni d’équivalent (en l’occurrence, le General Equivalency Diploma [GED]), 41 % avaient terminé leurs études secondaires mais n’avaient pas fait d’études postsecondaires et 41 % avaient à leur actif au moins une année d’études postsecondaires. Autre constat important : chaque année supplémentaire passée en structure d’accueil augmente de 46 % la probabilité d’atteinte du niveau de scolarité suivant. Après prise en compte des éventuels facteurs confusionnels (p. ex. la race, l’âge et les projets d’études postsecondaires) tenant aux différences de programmes et de pratiques d’un État à l’autre, on n’a pas noté d’écart significatif au chapitre du niveau de scolarité atteint selon l’État où habitaient les sujets.
Les jeunes ayant participé à l’étude provenaient de trois États, et les seules différences au chapitre des politiques publiques dont les chercheurs ont pu tenir compte sont la durée du placement ou le contexte général. C’est là une limite de cette étude. Selon les auteurs, l’écart entre les États pourrait tenir à des différences au chapitre d’autres politiques, mais cela est peu probable. Par ailleurs, on a enregistré un taux d’abandon très élevé dans cette étude. Enfin, les résultats pourraient ne pas être applicables à l’ensemble des jeunes confiés à la protection de la jeunesse en raison des différences entre les États.