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La surreprésentation des enfants pauvres en protection de l’enfance est un problème de santé publique plutôt qu’un problème lié au signalement

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Résumé

Les enfants pauvres sont significativement surreprésentés en ce qui a trait au nombre de cas de protection de l’enfance. L’Étude canadienne sur l’incidence des cas de violence et de négligence envers les enfants (Trocmé, Fallon, et. al, 2005)1 a par exemple découvert que près d’un quart (24 %) des enfants maltraités vivent dans des familles qui dépendent de l’aide sociale, et que 19 % vivent dans des familles où la première source de revenus provient d’un emploi saisonnier, à temps partiel, ou qui n’ont pas de source de revenus connue. Même si cette surreprésentation s’explique certainement en partie par le fait que la pauvreté est un facteur de risque de maltraitance, certains critiques s’inquiètent du fait que les familles pauvres sont aussi plus susceptibles de faire l’objet de signalements parce qu’elles sont plus étroitement surveillées que les autres.

Jonson-Reid, Drake et Kohl ont vérifié l’hypothèse du préjugé contre la classe en utilisant des données longitudinales provenant des services de protection de l’enfance et du recensement, des services de santé et des services correctionnels d’une ville du Midwest américain. Ils ont comparé les enfants pauvres n’ayant pas fait l’objet d’un signalement pour maltraitance, les enfants pauvres dont le signalement pour maltraitance avait fait l’objet d’une enquête et enfin les enfants qui ne sont pas pauvres et qui avaient fait l’objet d’une enquête. Comparés aux enfants qui ne sont pas pauvres et qui ont fait l’objet d’un signalement aux services de protection de l’enfance, les enfants pauvres qui ont fait l’objet d’un signalement présentaient généralement un profil plus à risque, subissaient des formes plus graves de maltraitance et leur taux de récidive de la maltraitance était plus élevé (64 % comparé à 33 %). En d’autres termes, le préjugé contre la classe semble être inversé, en ce sens que les familles pauvres doivent manifester un degré de difficultés plus élevé avant que les services de protection de l’enfance n’interviennent.

En comparant les enfants pauvres ayant fait l’objet d’un signalement et les enfants pauvres qui n’ont pas été signalés, l’étude a découvert que les enfants et les familles ayant fait l’objet d’un signalement avaient un profil de risque beaucoup plus élevé, par exemple, les parents des enfants ayant fait l’objet d’un signalement étaient quatre fois plus susceptibles d’avoir un problème de santé mentale documenté. Ces résultats indiquent que les familles pauvres sont plus susceptibles de faire l’objet d’un signalement pour maltraitance à cause de l’ensemble des stresseurs et des facteurs de risque auxquels elles sont confrontées qu’à cause de niveaux plus élevés de surveillance ou de préjugé contre la classe. Les auteurs concluent judicieusement que plutôt que de « considérer la protection de l’enfance comme une force active qui s’occupe des familles sans nécessité, l’autre solution consiste à envisager le système de signalement comme un moyen d’identifier les familles plus à risque et de canaliser les services vers elles et vers les lieux où elles résident » (p. 427).


 

1Trocmé, N., Fallon, B., MacLaurin, B., Daciuk, J., Felstiner, C., Black, T., et al. (2005). Étude canadienne sur l'incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants – 2003. Ottawa, ON : Ministre de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, Ottawa, ON : 162 pages.

Notes méthodologiques

This study tracked over 7,000 children and their families using administrative data collected from an impressive array of services: child welfare, mental health, emergency room and hospital records, income maintenance, juvenile corrections and court record, and special education eligibility records. Tract-level census data was used to calculate neighbourhood income rates. Analyses were conducted in two waves: the three groups were first compared at the bivariate level (ANOVA and chi-square), then logistic regression was used to examine to what extent the bivariate associations held with multivariate controls. This is an exceptionally rich dataset that allowed for an innovative comparison of systems’ responses to families living in poverty compared to high-risk non-poor families.