Les jeunes qui font la transition à l’extérieur d’une famille d’accueil constituent un groupe hétérogène où se manifestent dysfonctionnements et fonctionnements et résultats « résilients ». Il est essentiel de comprendre la variation du fonctionnement, des points forts, des vulnérabilités et des expériences au chapitre du bien-être des enfants pour déterminer le type et la portée des soutiens et de la supervision nécessaires quand les jeunes font la transition de l’encadrement à l’âge adulte.
Cette étude se fonde sur l’analyse secondaire de données de la National Youth in Transition Database (NYTD) (base de données nationale des jeunes en transition) et du Foster Care Analysis and Reporting System (AFCARS) (système d’analyse et d’établissement de rapports sur le placement en famille d’accueil). Le NYTD est une initiative nationale visant à mieux comprendre les besoins des jeunes quittant des familles d’accueil qui réunit des données sur ceux âgés de 17, 19 ou 21 ans. Dans le cadre de la présente étude, les données initiales de la première cohorte de jeunes (2011) ont été analysées dans les résultats de la NYTD qui comprenait un échantillon représentatif à l’échelle nationale de 14 402 jeunes âgés de 17 ans confiés à des familles d’accueil. Des analyses de grappes ont été effectuées pour former des sous-groupes au sein de l’échantillon en fonction des caractéristiques communes des participants.
Les sous-groupes ont été identifiés selon des indicateurs, dont le niveau de scolarité, le lien avec un adulte aidant, la parentalité en cours d’adolescence, l’itinérance, l’orientation en matière de toxicomanie et l’incarcération. Les groupes ont ensuite été comparés en fonction de divers facteurs de retrait préalable (p. ex., variables démographiques et raisons du placement hors famille) et de facteurs postérieurs au placement (p. ex., diverses formes de placement). Les cinq sous-groupes distincts suivants ont été cernés et étiquetés : résilients (39 %), toxicomanes (19 %), problèmes multiples (15 %), incarcération seulement (14 %) et sans-abris (13 %). Les membres du groupe résilients réussissaient avec succès dans tous les domaines. Toutefois, il a été recommandé d’effectuer un suivi continu et une évaluation périodique pour s’assurer que l’ensemble des problèmes ait été pris en compte. Les jeunes du groupe toxicomanes ont été inscrits à l’école et jumelés à un adulte aidant. Par conséquent, outre l’intervention intensive en toxicomanie, la programmation fondée sur la scolarité et la planification de la permanence en compagnie d’adultes aidants ont été considérées comme des orientations éventuellement bénéfiques en matière de services. Le groupe problèmes multiples regroupait certains jeunes exigeant des soutiens intensifs et, d’autres, des services plus ciblés en appui à la parentalité et à l’autonomie financière. Le groupe incarcération seulement était formé de jeunes aux nombreux points forts qui présentaient peu de facteurs de risque autres que les comportements problématiques. Il faut donc prévoir des interventions intensives ciblées à l’endroit de problèmes émotionnels et/ou comportementaux. En dernier lieu, en raison de la toxicomanie et de la criminalité, certains membres du groupe sans-abri pourraient exiger des soutiens considérables accompagnés de services fondés sur les forces existantes, comme l’inscription à l’école et l’établissement de liens avec des adultes aidants.
L’analyse des grappes, méthode axée sur la personne permettant la mise au jour de schémas complexes de relations entre les variables, figure parmi les points forts de cette étude. Le recours à un grand échantillon représentatif à l’échelle nationale de la base de données réputée NYTD est également un point fort. Au nombre des limites, mentionnons le faible taux de réponse pour l’enquête NYTD (à peine plus de 50 %), le détail limité des variables utilisées et le recours à l’analyse transversale. Les recherches ultérieures portant sur des vagues subséquentes de données NYTD permettront la tenue d’examens longitudinaux qui pourraient s’appliquer aux jeunes jusqu’à l’âge de 21 ans, ou plus, et devraient inclure des indicateurs supplémentaires relativement à une adaptation réussie des jeunes.