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Le bien-être des enfants à la suite de catastrophes naturelles : SSPT et résilience

Année de publication
Revu par
Marianna Healey & Kristen Lwin
Citation

Mohammadinia, L., Ardalan, A., Khorasani-Zavareh, D.,  Ebadi, A., Malekafzali, H., & Fazel, M. (2018). Domains and indicators of resilient children in natural disasters: A systematic literature review. International Journal of Preventive Medicine, 9(54), 1-11.

Terasaka, A., Tachibana, Y., Okuyama, M., & Igarashi, T. (2015). Post-traumatic stress disorder in children following natural disasters: A systematic review of the long-term follow-up studies. International Journal of Child, Youth, and Family Studies, 6(1), 111-133.

Résumé

Les enfants qui vivent des catastrophes naturelles de grande ampleur peuvent subir toute une série de conséquences psychosociales négatives, notamment des conséquences à long terme sur leur bien-être personnel. Ces deux recensions systématiques ont résumé les recherches évaluées par des pairs qui ont été publiées sur la résilience des enfants (Mohammadinia et al., 2018) et le syndrome de stress post-traumatique (PTSD ; Terasaka et al., 2015) à la suite de catastrophes naturelles.

Les deux recensions ont suivi les lignes directrices PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Metadata Analysis) pour trouver et compiler les publications pour leurs études. Mohammadinia et ses collègues (2018) ont examiné 28 publications individuelles, tandis que Terasaka et ses collègues (2015) ont examiné 10 études.

Mohammadinia et ses collègues (2018) ont constaté que la résilience des enfants à la suite de catastrophes a été étudiée sous l’angle de facteurs internes à l’enfant (c’est-à-dire les caractéristiques personnelles) et de facteurs externes à l’enfant (c’est-à-dire les conditions socio-environnementales). Les facteurs internes examinés dans ces études comprenaient la santé mentale (par exemple, les caractéristiques de la personnalité, l’impression de maîtriser la situation), les facteurs spirituels (par exemple, les pratiques religieuses ou spirituelles) et les facteurs physiques (par exemple, la récupération physique, la santé). Les facteurs externes liés à la résilience comprenaient les circonstances sociocomportementales (par exemple, la famille, les relations sociales) et les environnements bâtis/naturels. La majorité des publications incluses dans cette recension ont étudié le concept de résilience dans une perspective multifactorielle, sans se concentrer sur une catégorie particulière de résilience. Dans l’ensemble, cette recension a dressé une liste de 46 circonstances, caractéristiques et indicateurs (couvrant les cinq domaines des facteurs internes/externes) qui ont été examinés dans la littérature évaluée par les pairs en ce qui concerne la résilience des enfants à la suite de catastrophes. Aucun détail sur la force ou la direction relative de ces relations n’a été rapporté.

Terasaka et ses collègues (2015) ont constaté que les estimations de la prévalence du SSPT chez les enfants à la suite de catastrophes naturelles variaient de 2,7 % à 22,4 % selon les études. Ces taux différaient selon la catastrophe naturelle subie par les enfants et selon le moment où l’apparition du SSPT était évaluée (c’est-à-dire entre 15 mois et 20 ans après la catastrophe). Ces estimations de la prévalence du SSPT chez les enfants ont eu tendance à diminuer avec le temps. Certaines études de cette recension (mais pas toutes) ont montré que les femmes avaient des scores plus élevés que les hommes en matière de SSPT. La plupart des études qui ont évalué les différences liées à l’âge n’ont trouvé aucune différence dans les estimations du SSPT entre les jeunes enfants et les enfants plus âgés, bien qu’une étude ait trouvé que les jeunes enfants (c’est-à-dire de 9 à 11 ans) avaient des taux de SSPT plus élevés que les enfants plus âgés (de 15 à 18 ans). Dans au moins une ou plusieurs des études, on a constaté que d’autres facteurs étaient liés à des taux plus élevés de SSPT chez les enfants à la suite de catastrophes naturelles, notamment : la plus grande proximité de l’épicentre de la catastrophe, la perte de membres de la famille et/ou de biens importants (par exemple, une maison) lors de la catastrophe, la présence de symptômes de dépression à la suite de la catastrophe, la sensibilité à l’anxiété, l’expérience antérieure d’autres incidents traumatisants et les facteurs environnementaux post-catastrophe comme la famille ou l’école.

Ces deux recensions montrent que le bien-être des enfants après une catastrophe est variable et peut être influencé par un certain nombre de facteurs. Bien que la littérature sur ce sujet en soit encore à ses débuts, les informations présentées dans ces analyses peuvent fournir aux praticiens des indications générales sur les domaines et les facteurs susceptibles d’influer sur le bien-être des enfants à la suite de catastrophes. Ces domaines et facteurs peuvent être des considérations pertinentes ou des cibles d’intervention pour les professionnels travaillant avec des enfants qui ont vécu une crise publique comme une catastrophe naturelle.

Notes méthodologiques

Les études individuelles incluses dans ces examens étaient de qualité variable, et aucune d’entre elles n’a été jugée rigoureuse. Leurs limites comprenaient, entre autres, la petite taille des échantillons et les différentes définitions et mesures des variables de résultats. Alors que l’article de Terasaka et ses collègues (2015) a fourni des évaluations claires de la qualité et des risques de biais respectifs pour chacune des études qu’il comprenait, l’analyse de Mohammadinia et ses collègues (2018) n’a pas inclus ces types d’évaluation dans son article. Cette absence d’assurance qualité limite la fiabilité de l’examen global. En outre, certaines des publications incluses dans l’étude de Mohammadinia et collègues (2018) n’étaient pas de type expérimental et ont donc une force limitée en matière de qualité. Des études longitudinales plus vastes et plus strictement contrôlées sont nécessaires pour renforcer le corpus de littérature sur le bien-être des enfants (tant sur le plan de la résilience que sur celui des expériences de stress post-traumatique) à la suite de catastrophes naturelles de grande ampleur.