Le placement temporaire sert à protéger immédiatement un enfant en le retirant d’une situation où il est susceptible de subir de mauvais traitements. Les circonstances dans lesquelles les services de protection de l’enfance (SPE) placent temporairement des enfants ne sont pas bien comprises. Cela dit, il existe des preuves selon lesquelles les sévices physiques sont associés à des placements temporaires en raison de la nécessité d’une intervention urgente. Les auteurs distinguent les placements urgents, qui durent jusqu’à cinq jours, des placements provisoires s’étalant de 30 à 60 jours. L’étude a examiné la relation entre les placements temporaires et leur application en accordant une attention particulière aux cas de sévices physiques.
Les données de cette étude ont été recueillies auprès de services de protection de l’enfance du Québec à partir d’un échantillon de 10 181 enfants qui ont vécu au moins un placement. Les variables indépendantes appliquées étaient l’âge, le sexe, les antécédents en matière de services de protection et les sévices physiques et, la variable dépendante, la durée du placement. Selon les résultats obtenus, les enfants ayant fait l’objet d’une enquête au seul motif de sévices physiques sont six fois plus susceptibles de se retrouver en placement temporaire que les autres. En contrepartie, ces enfants sont moins susceptibles de se retrouver en placement à long terme. De plus, l’étude a examiné l’influence de diverses variables démographiques sur les décisions en matière de placement temporaire consécutif à des sévices physiques. Les adolescentes qui ont subi des sévices physiques sans intervention préalable des services de protection sont plus susceptibles que les autres de se retrouver en placement temporaire plutôt qu’en placement à long terme.
La principale force de cette étude est le recours à l’analyse pondérée par le score de propension qui permet de mesurer avec exactitude l’effet des sévices physiques sur les modèles de placement en atténuant tout effet trompeur éventuel. Au nombre des limites, mentionnons l’absence d’information sur le moment de la survenue des événements qui est attribuable à l’utilisation de données administratives. Il n’existait aucune possibilité de modélisation des moments auxquels ont eu lieu les sévices, les interventions et le placement. L’ajout de ces variables aurait permis d’interpréter les résultats plus en profondeur.