Cet article critique l'intervention du gouvernement Howard dans les territoires autochtones du nord de l'Australie en 2007. Cette intervention a eu lieu après la diffusion d’un rapport intitulé « Les jeunes enfants sont sacrés », qui a été produit à la demande du gouvernement à la suite d’allégations publiques de violences sexuelles généralisées à l’endroit des enfants de ces territoires. Les auteurs du rapport recommandent d’accorder une attention nationale urgente à ces violences sexuelles et attribuent ce problème au taux élevé de pauvreté des habitants du territoire et à l'accès inégal aux ressources. Les auteurs ont aussi découvert qu’un nombre significatif d'agresseurs n’étaient pas autochtones et que le problème de violence sexuelle durait depuis longtemps.
Le rapport a été diffusé dans le contexte de la modification des politiques, notamment l'abolition du droit coutumier autochtone entourant les décisions en matière de cautionnement et les modifications de 1976 à la loi sur les droits fonciers des Autochtones. La loi a été considérée comme décisive; elle accorde aux collectivités autochtones des droits sur les terres traditionnelles. Cependant, les changements effectués en 2006 et 2007 permettent à un directeur administratif nommé d'octroyer des baux de 99 ans sur les terres autochtones (renouvelable après 69 ans). Ce directeur n'est pas obligé de consulter les propriétaires fonciers traditionnels sur la gestion de leurs terres.
À la suite du rapport demandé, le gouvernement Howard a déclaré l'état d'urgence nationale, ce qui renforce davantage cette législation et qui permet désormais au gouvernement australien de prendre possession des municipalités avec des baux de cinq ans. Les autres mesures importantes comprennent l'introduction d’examens de santé obligatoires pour tous les enfants autochtones tandis que les autres problèmes de santé liée à la pauvreté comme la malnutrition, les rhumatismes cardiaques et les infections pulmonaires persistantes n'ont pas été ciblés comme étant des préoccupations urgentes.
Les auteurs soulignent que la nature des mesures prises par le gouvernement a entraîné des conjectures généralisées concernant ses motivations. La population se demande notamment si ces mesures sont motivées par la nécessité de s'occuper des violences sexuelles envers les enfants, si elles sont attribuables à des tactiques préélectorales ou au désir de contrôler les terres autochtones parce qu’elles renferment des gisements minéraux de grande valeur. Ils soutiennent que l'oppression dont souffrent les peuples autochtones depuis longtemps se poursuit pendant que les « preuves » sont toutes présentées sous un jour nouveau, actualisées et représentées pour appuyer l’action non participative. Le gouvernement Howard a ignoré les données probantes indiquant qu’il fallait impérativement effectuer des actions locales, contrôlées et basées sur des ressources afin de trouver des solutions à long terme. Les auteurs soutiennent que ces actions sont particulièrement importantes pour les travailleurs sociaux puisque ce type de politiques peut les amener à faire des compromis qui ne correspondent pas à leurs normes éthiques. De plus, ces actions peuvent conduire les travailleurs sociaux à « faire la police » face aux problèmes sociaux plutôt que de jouer le rôle pour lequel ils sont formés, à savoir aider les gens.