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Les évaluations de dépistage en santé mentale et en éducation augmentent la probabilité de prestation de services aux jeunes placés à l’extérieur de leur foyer, mais seulement pour une minorité des cas

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Résumé

Les jeunes placés à l’extérieur de leur foyer sont exposés à des risques élevés de maladie mentale et de difficultés scolaires. Cela dit, nombre d’entre eux ne reçoivent pas de services, et l’absence de dépistage universel complique la détection des problèmes, de sorte que les besoins de nombre d’entre eux ne sont pas diagnostiqués. Cette étude visait à déterminer si les recommandations issues du dépistage appliqué à la santé mentale et à l’éducation étaient associées à la prestation de services aux préadolescents placés à l’extérieur de leur foyer, et si l’intervention d’un mentor attitré augmentait les chances de recevoir ces services. Ajoutons que, au début de l’étude, les différences en matière d’origine ethnique/raciale et des catégories de placement et de maltraitance ont également été examinées pour cerner les disparités éventuelles dans l’utilisation de services de santé mentale au début et à la mise en œuvre de nouveaux services en cours de suivi.

L’échantillon final était composé de 147 jeunes âgés de 9 à 11 ans. Les données ont été colligées de 2002 à 2007 dans cinq cohortes au sein du programme Fostering Healthy Futures. Les jeunes ont été répartis aléatoirement en fonction de l’une des deux conditions suivantes : 1) le groupe d’intervention (n = 70), qui participait à une intervention préventive d’une durée de 30 semaines avec mentorat thérapeutique individuel et 2) le groupe témoin faisant seulement l’objet d’un dépistage (n = 77) dont les membres ont reçu les services habituels. Au début de l’étude (T1), les jeunes, leurs aidants et leurs professeurs ont été interviewés. Les jeunes ont passé des tests de mesure des fonctionnements cognitif, scolaire, social et de santé mentale, et les aidants ont mesuré les comportements des jeunes. Dans tous les cas, des rapports accompagnés de recommandations ont été remis aux agents de traitement qui ont été encouragés à les communiquer aux aidants, aux thérapeutes et aux professeurs. Des rapports ont été remis aux mentors des jeunes du groupe d’intervention qui ont été incités à promouvoir les services recommandés. Un an plus tard, des entrevues ont été menées à l’intervalle 2 (T2). Parmi les jeunes de l’échantillon à T1, 22 % et 36 % avaient des besoins non comblés en santé mentale et en éducation respectivement. Au point T2, les jeunes pour lesquels des services nouveaux avaient été recommandés étaient 2,5 fois plus susceptibles de recevoir des services en santé mentale et 3,5 fois plus susceptibles de recevoir des services en éducation. Cela dit, toujours à l’intervalle T2, quelque 50 % et 84 % des jeunes n’avaient pas encore reçu de services en santé mentale et en éducation respectivement. À l’intervalle T1, les taux d’utilisation préalable de services étaient plus faibles chez les jeunes des minorités raciales et ethniques placés chez des parents et qui n’avaient pas subi de maltraitances physiques/d’abus sexuels que chez les autres. En dernier lieu et contrairement aux attentes, l’appartenance au groupe d’intervention (avec l’appui d’un mentor) n’a pas réduit les probabilités de recevoir les services recommandés. Si les dépistages peuvent se révéler efficaces pour cerner les jeunes dont les besoins aux chapitres de la santé mentale et de l’éducation seraient autrement passés inaperçus, il est nécessaire d’accroître la coordination et la communication entre les organismes pour améliorer le déploiement de services tels que l’amélioration de la connaissance des familles et des personnes quant à la manière d’obtenir des services, à la diminution des stigmates, à l’offre de financement adéquat, de formation et de soutien aux agents de traitement et à l’amélioration systématique des recommandations fondées sur les besoins et les collaborations.

Notes méthodologiques

Une série de régressions logistiques a été appliquée aux services en santé mentale et en éducation. Les auteurs n’ont pas pu conclure que les recommandations des rapports se sont traduites directement par la prestation de services, étant donné que ces services avaient peut-être été déployés sans la lecture des rapports d’évaluation. En outre, la faible taille de l’échantillon à laquelle la régression logistique a été appliquée est préoccupante. L’on doit reprendre cet exercice sur des échantillons plus vastes lors d’études ultérieures.