La présente étude évalue la sévérité des pratiques éducatives des parents et les conflits familiaux à titre de modérateurs potentiels de la relation entre les problèmes d’externalisation de l’enfant et les symptômes d’usage de substances qui pose des problèmes chez la mère. Les auteurs ont délibérément axé leur recherche sur les enfants d’âge préscolaire à partir d’un échantillon prélevé dans la collectivité pour ajouter un volet à la littérature essentiellement axée sur les résultats des adolescents dans des échantillons cliniques. Les participants ont été recrutés dans le cadre de l’étude de recherche Starting Early Starting Smart (SESS), une étude élargie visant à vérifier l’efficacité de la prévention et du traitement intégrés de santé mentale et de toxicomanie dans le cadre des programmes de soins primaires. Les principaux donneurs de soins ont participé à des entretiens où l’assistant de recherche lisait des questionnaires à haute voix afin d’évaluer les symptômes d’usage de substances qui pose des problèmes chez la mère (la consommation de substances crée des conflits dans la famille et met souvent la personne en difficulté), la discipline sévère, les conflits familiaux, la santé mentale de la mère et les comportements d’externalisation de l’enfant. Les auteurs ont émis l’hypothèse que la relation entre l’usage de substances de la mère et le comportement de l’enfant serait plus forte lorsque les parents vivaient un conflit, ou utilisaient des tactiques de discipline sévère.
L’échantillon comprenait des parents à faible revenu dont les enfants d’âge préscolaire participaient à l’ESSE et étaient inscrits aux programmes Head Start dans les régions rurales de l’Arkansas. Les données ont été recueillies auprès des parents au niveau de référence (n = 250) et lors d’un suivi après 10 mois (n = 195) au cours d’un entretien à domicile. Les enfants avaient entre 3 et 5 ans au départ et l’âge moyen était de 44,4 mois. Dans 91,6 % des cas, la mère biologique était le principal donneur de soins. Les résultats indiquent que plus d’un tiers des enfants (38,1 %) avait des scores d’externalisation élevés sur le plan clinique, mais la plupart se classaient dans la catégorie « problème modéré » (30,8 %) plutôt que dans celle de « problème grave » (7,3 %) lors du suivi 10 mois après le début de l’étude. Les résultats du test tdémontrent que les garçons avaient des problèmes d’externalisation significativement plus élevés que les filles. Ils indiquent aussi que les symptômes d’usage de substances qui pose des problèmes augmentent le risque de comportements d’externalisation de l’enfant lorsque la sévérité des parents est élevée, et les chercheurs ont observé les mêmes schémas pour les conflits familiaux, cependant, les résultats ne sont pas aussi solides. Lorsque les pratiques parentales sévères et les conflits familiaux n’étaient pas présents, les symptômes maternels de toxicomanie ne semblaient pas avoir d’effet significatif sur le comportement d’externalisation des enfants.
Bien que les résultats de cette étude soient prometteurs, certaines limites méritent d’être signalées. L’accent mis sur les enfants d’âge préscolaire ne donne pas une image claire de l’impact de la toxicomanie sur les comportements d’externalisation des enfants au fil du temps. Les auteurs notent également qu’il faudrait procéder à des études sur la trajectoire de l’usage des substances qui posent problème chez la mère et sur leurs répercussions sur le fonctionnement et les résultats des enfants.