Aux États-Unis, chaque année, les services de protection de l’enfance (SPE) reçoivent plus de 3 millions de signalements. Au Canada, c’est plus de 200 000. Les enquêtes réduisent-elles les facteurs de risque relatifs aux ménages, aux familles et aux enfants? Les auteurs de la présente étude se sont basés sur les données des Longitudinal Studies of Child Abuse and Neglect (LONSCAN), soit études longitudinales sur la violence et la négligence envers les enfants, et ont comparé 164 enfants ayant fait l’objet d’une enquête pour soupçon de maltraitance entre l’âge de quatre à huit ans et 431 enfants provenant de milieux familiaux similaires aux premiers, mais n’ayant pas fait l’objet d’une enquête. Après avoir neutralisé les différences entre les deux groupes dans les évaluations effectuées à l’âge de quatre ans, ils ont cherché à savoir à quel point les enquêtes effectuées par les SPE, qu’elles donnent ensuite lieu à des services ou non, étaient associées à des améliorations au moment de l’évaluation effectuée à l’âge de huit ans en ce qui a trait au soutien social, au fonctionnement familial, à la pauvreté, au niveau de scolarité maternelle, aux symptômes dépressifs de la mère et aux comportements anxieux, dépressifs, agressifs ou destructeurs de l’enfant. Pour tous les enfants ayant fait l’objet d’une enquête et ceux appartenant au sous-groupe des cas corroborés, les auteurs ont découvert qu’il n’y avait pas d’amélioration et que les symptômes dépressifs de la mère avaient augmenté de façon significative du point de vue statistique. Même si l’étude n’a pas évalué d’améliorations possibles liées aux raisons particulières ayant mené à la prise en charge par les SPE, l’absence d’amélioration en ce qui a trait aux « facteurs de risques modifiables » mesurés par les chercheurs suggère que les SPE pourraient passer à côté d’une occasion de faire de la prévention.
Ces résultats décevants doivent être interprétés avec prudence parce qu’il est difficile de vérifier si les différences de base non mesurées expliquent réellement l’absence de différences de résultats entre les enfants ayant fait l’objet d’une enquête et les autres. Comme le soulignent les auteurs, il est possible que « les enquêtes des SPE se produisent pendant des périodes où les risques sont pires pour les ménages, la personne qui prend soin de l’enfant et ce dernier et que ces enquêtes entraînent un rétablissement correspondant au niveau de risque attendu », en d’autres termes, l’absence de différences entre les deux types d’enfants démontre que les enquêtes ont réussi à régler les problèmes qui ont suscité l’enquête. Les auteurs n’ont pas trouvé de preuves de ce modèle d’aggravation du risque, toutefois, la méthodologie de l’étude LONGSCAN a limité leur capacité d’expliquer les changements qui ont pu se produire entre les points de mesure correspondant à la quatrième et à la huitième année de l’enfant. Cependant, étant donné l’absence de preuves contraires, cette étude met au défi les chercheurs sur la maltraitance ainsi que les intervenants en protection d’enfance de démontrer que les enquêtes portent en réalité sur ces facteurs de risque importants.
LONGSCAN is a pioneering five-site study that followed 1,249 high-risk children using information collected directly from the primary caregiver through interviews every two to four years from age four until age 18. This analysis was limited to the 595 children who had the same maternal caregiver responding to the interviews at the child’s ages of four and eight years. The design offers a unique opportunity to explore the antecedents and consequences of child abuse among high-risk children with and without CPS involvement.