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Les styles d’attachement anxieux et évitants sont des mécanismes importants reliant la négligence envers les enfants et les pratiques sexuelles à risque significatives des adolescents

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Résumé

L’étude porte sur les mécanismes inhérents aux liens entre la maltraitance envers les enfants (ME : les mauvais traitements d’ordre sexuel, la violence physique, la négligence et le fait d’être témoin de violence conjugale) et les pratiques sexuelles à risque (PSR) des adolescents. Plus précisément, les auteurs ont utilisé un échantillon représentatif d’adolescents sexuellement actifs fréquentant des écoles secondaires publiques du Québec afin d’étudier le rôle de médiation potentiel joué par l’insécurité de l’attachement dans cette association. Les chercheurs ont utilisé un échantillonnage en grappes stratifié en un temps pour recruter 1900 adolescents fréquentant des écoles secondaires du Québec. Les participants ont rempli des questionnaires auto-administrés à l’automne 2011 (temps 1) portant sur les ME, et au printemps 2012 (temps 2) portant sur les PSR et la sécurité de l’attachement. Les résultats indiquent qu’il existe une relation directe et significative entre les deux types de ME (négligence et mauvais traitements d’ordre sexuel) et les trois PSR étudiés (nombre de partenaires sexuels, âge au moment du premier rapport sexuel et pratiques sexuelles occasionnelles) chez les femmes et les hommes. Les analyses de trajectoires ont permis de découvrir un lien positif entre la négligence, l’attachement anxieux et l’attachement évitant ainsi qu’un lien entre ces deux types d’attachement et le nombre accru de partenaires sexuels. En ce qui concerne l’âge au moment du premier rapport sexuel cependant, seul l’attachement évitant explique le lien avec des rapports sexuels à un plus jeune âge, et cela semble vrai uniquement pour les hommes. Les chercheurs ont effectué une analyse distincte des trajectoires pour les pratiques sexuelles occasionnelles (au moins un contact sexuel avec une connaissance ou un étranger au cours des six derniers mois). Ils ont découvert un lien positif entre les mauvais traitements d’ordre sexuel, la négligence, le fait d’être témoin de violence conjugale et l’attachement évitant. Ils ont aussi trouvé un lien positif entre la négligence et l’attachement évitant. Les pratiques sexuelles occasionnelles, quant à elles, étaient exclusivement associées à l’attachement évitant et donc à la négligence. La probabilité de pratiques sexuelles occasionnelles était de 0,22 pour les personnes n’ayant pas subi de mauvais traitements d’ordre sexuel et de 0,31 pour les victimes de ces mauvais traitements. De même, la probabilité de pratiques sexuelles occasionnelles pour les participants ayant subi un niveau moyen de négligence était de 0,22. Elle passait à 0,26 lorsque le niveau de négligence était élevé. Dans l’ensemble, les chercheurs ont conclu que pour les hommes, les pratiques sexuelles occasionnelles étaient significativement plus courantes (25,3 % c. 15,9 %) et qu’il existait un lien significatif et indirect entre la négligence et le premier rapport sexuel à un plus jeune âge à cause de l’attachement évitant. Les chercheurs n’ont pas constaté ce lien pour les femmes dans cet échantillon; cependant, ils ont trouvé un faible lien entre l’attachement anxieux et l’âge au moment du premier rapport sexuel chez ces dernières.

Notes méthodologiques

La présente étude constitue un ajout important à la littérature existante sur la relation entre les ME les PSR et tire des leçons des lacunes méthodologiques passées, en particulier en ce qui concerne l’inclusion des différences de genre dans son analyse. En outre, dans leurs modèles statistiques, les auteurs ont tenu compte de deux variables de confusion potentielles soulignées dans des recherches antérieures, soit la scolarité de la mère et la structure familiale. De plus, l’utilisation d’un échantillon représentatif augmente la généralisabilité des résultats alors que la méthodologie prospective augmente le pouvoir prédictif des résultats. Cependant, puisque l’âge auquel les sujets ont subi de la maltraitance n’a pas été mesuré et puisqu’il ne s’agit pas d’une étude longitudinale, les conclusions devraient être interprétées avec prudence, surtout en ce qui concerne la causalité. En outre, l’utilisation d’une mesure d’attachement qui exigeait que les participants aient vécu une relation amoureuse exclut certains adolescents (n = 40) qui peuvent présenter certaines caractéristiques particulières. Cette recherche est également limitée par ses mesures des ME. L’évaluation de la violence physique est limitée à un élément (« Avez-vous déjà été frappé par un membre de votre famille? »). La question ne spécifiait pas si l’auteur de la violence était un parent ou un frère ou une sœur, ce qui pouvait entraîner de la confusion chez les participants. De plus, la violence émotionnelle ou psychologique ne figurait pas parmi les types de ME étudiés, mais deux éléments relatifs à la négligence semblent renvoyer à des formes de maltraitance émotionnelle : « Vous ridiculiser ou vous humilier; vous traiter avec froideur, indifférence, ou d’une manière qui vous donne l’impression de ne pas être aimé. »