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L’évaluation d’un système de gestion de cas assistée par des spécialistes révèle des résultats décevants

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Résumé

Cette étude s’est penchée sur les effets de la gestion assistée par des spécialistes, de cas de maltraitance et de négligence envers les enfants, tels que perçus par les intervenants responsables de ces cas. Des cas de protection à l’enfance tirés du système allemand de bien-être et de santé aux enfants ont été assignés au hasard, soit à un groupe d’intervention (n = 42), soit à un groupe de contrôle qui se chargeait de la gestion de cas de routine (n = 38). Les problèmes incluaient l’abus et/ou la négligence physique, la violence psychologique et l’abus et/ou la négligence sexuelle, présumés ou corroborés. Les intervenants, oeuvrant dans 12 institutions différentes, possédaient une expérience professionnelle variée, en travail social ou reliée à la santé. Les spécialistes, aussi de diverses professions et affiliations, possédaient tous une expérience pratique exceptionnelle dans le domaine de protection à l’enfance et avaient reçu une formation, par l’équipe de recherche, en matière de gestion assistée de cas. Les cas étaient évalués au moment de l’envoi (T1), et de nouveau après 6 mois (T2), au moyen de deux instruments développés par les auteurs et complétés par les intervenants. Les variables mesurées étaient la satisfaction à l’égard du degré de protection de l’enfant, le niveau de certitude dans le processus d’investigation, l’évaluation du risque et la planification de l’intervention, la qualité de la communication inter-institutionnelle, ainsi que l’engagement des enfants et des familles. Le groupe d’intervention a reçu entre 2 et 6 sessions de revue de cas (M = 2.6) lesquelles incluaient une échelle d’atteinte d’objectifs propre à chaque cas.

La preuve que l’intervention a été efficace s’est avérée très mince. Par comparaison avec le groupe de contrôle, les intervenants du groupe d’intervention ont signalé : (1) en ce qui a trait au sous-échantillonnage de cas avec abus ou négligence plus sévère, une réduction plus significative entre les étapes T1 et T2 quant à l’évaluation de l’abus présumé envers l’enfant, (2) des poursuites judiciaires moins nombreuses, et (3) un engagement moindre de la part des familles dans la planification des interventions. On a aussi constaté une « tendance » (p<.10) à des augmentations plus importantes, tant au niveau de la satisfaction à l’égard du degré de protection de l’enfant qu’à celui de la certitude liée à la planification de l’intervention.

Notes méthodologiques

La méthodologie d’évaluation était, en grande partie, solide. Les cas d’abus intra-familiaux et les cas extra-familiaux ont été randomisés séparément, et aucune différence significative n’a été constatée à l’étape T1, entre les groupes résultants. Des échelles de type Likert à cinq points ont été utilisées pour consigner la plupart des opinions émises par les intervenants responsables des cas. Des analyses séparées ont été effectuées, des cas avec un niveau d’abus modéré ou sévère. Les procédures statistiques, bien que pas compliquées, étaient manifestes; les différences entre les groupes à l’étape T2 ont été testées par χ2 (variables catégoriques) ou par des mesures ANOVA répétées—l’effet par groupe et par moment (variables continues).

Des problèmes ont néanmoins été rencontrés. Sauf pour la sévérité de l’abus, il n’y avait aucun contrôle quant aux variables des cas. Aucune correction n’a été apportée aux niveaux de signification pour fins de tests multiples; l’impact du programme pourrait même s’avérer moindre que le suggèrent les résultats avancés. Plusieurs facteurs pourraient expliquer ces résultats ternes. Le biais d’autosélection peut mener à un échantillon d’intervenants hautement motivés et expérimentés, qui ont potentiellement moins à apprendre de spécialistes externes. Les intervenants n’étaient pas aveugles concernant l’appartenance à un groupe; certains d’entre eux avaient des cas provenant des deux groupes, ce qui pouvait amener un éventuel effet de transfert.

Des lacunes surprenantes ont aussi été observées dans la conception générale du programme. Les variables liées à l’implantation ou à l’intervenant n’ont jamais été discutées. Rien n’a été mentionné quant à la possibilité d’assortir les disciplines des intervenants et celles des spécialistes, uniquement que les spécialistes provenaient de l’extérieur des bureaux des intervenants. Les variables dépendantes étaient les rapports perceptuels des intervenants et les actions prises; aucune mesure indépendante des résultats réels sur les enfants n’a été prise.

En résumé, bien que l’idée d’avoir recours à l’aide de spécialistes soit intuitivement attrayante, il n’existe absolument aucune preuve voulant que cette façon de faire se traduise par de meilleures décisions pour les enfants en cause.