Il est amplement prouvé qu’aux États-Unis, les enfants noirs sont surreprésentés dans le système de protection de l’enfance. Les raisons possibles – biais systématiques ou facteurs de risques socioéconomiques – ont été étudiées. Les données actuelles indiquent que la discrimination entraîne des désavantages d’ordre économique importants pour les familles noires. La pauvreté, tant celle de la famille que de la communauté, augmente le risque de maltraitance.
La présente étude élargit l’analyse et intègre une variable communautaire supplémentaire, la densité de la population, selon une échelle de 9 points allant de 1 = zone métropolitaine (≥ millions) à 9 = milieu rural (≤ 2500). Les chercheurs ont comparé les relations entre la densité de population, la pauvreté et la maltraitance des enfants blancs, noirs et hispaniques en utilisant des données américaines nationales et en prenant le comté comme unité d’analyse. Les variables des résultats étaient les taux de disparité (TD) – les taux de pauvreté et de maltraitance envers les enfants noirs et hispaniques ont été divisés par les taux correspondants chez les enfants blancs; des TD plus élevés de maltraitance indiquaient une surreprésentation plus marquée. Les principales conclusions sont les suivantes :
• Il existe une corrélation très significative entre les TD de la maltraitance et les TD de la pauvreté pour les deux groupes minoritaires.
• Il y a une relation curvilinéaire entre les TD de la pauvreté, de la maltraitance et la densité de population; les taux sont plus élevés pour les comtés situés en zone métropolitaine et plus faibles pour les comtés de banlieue, et on observe une légère hausse pour les comtés ruraux.
• Les modèles de TD en ce qui concerne la maltraitance chez les deux groupes ethniques sont différents; les TD des Noirs sont plus élevés en zone métropolitaine et ceux des Hispaniques sont plus élevés en milieu rural. Dans les banlieues, les TD des Hispaniques chutent en dessous de 1,00, ce qui suggère des taux de maltraitance encore plus faibles que pour les enfants blancs.
• Cette différence ethnique se reflète dans les analyses de régression multivariée. La pauvreté et la densité de population sont des variables explicatives significatives des TD de la maltraitance pour les deux groupes ethniques, mais pour les Hispaniques, la corrélation avec la densité de la population est négative.
Les auteurs suggèrent plusieurs explications possibles concernant l’influence de la zone géographique sur ces disparités relatives à la maltraitance. Ils soutiennent que la recherche future doit se pencher sur les mécanismes qui sous-tendent les interactions réelles entre le quartier et la pauvreté individuelle, et que les décideurs politiques doivent accorder la priorité aux programmes visant à réduire la pauvreté.