Les jeunes autochtones et indigènes du détroit de Torres sont largement surreprésentés au sein du système pénal pour adolescents en Australie. L’équipe de la présente étude quantitative cherche à cerner les facteurs laissant entrevoir qu’un jeune autochtone ou indigène du détroit de Torres pourrait un jour avoir affaire à l’appareil pénal australien.
On a demandé à des femmes enceintes admises à un hôpital australien de répondre à un questionnaire d’autoévaluation comprenant des questions sur le statut socioéconomique, la race, l’usage du tabac et la consommation d’alcool. En septembre 2000, les chercheurs ont consulté les dossiers de l’agence de protection de l’enfance ainsi que du ministère de la Famille, de la Jeunesse et des Soins communautaires de l’État du Queensland afin de connaître l’incidence de la maltraitance infantile et du contact des jeunes avec le système judiciaire. Les chercheurs ont relié les données des questionnaires à celles de l’agence de protection de l’enfance pour obtenir un échantillon final de 7 214 dyades mère-enfant. Ils ont ensuite déterminé, au moyen de la régression logistique multivariable, si la maltraitance infantile, le statut socioéconomique et la race permettaient de prédire le taux d’incarcération futur dans la population visée.
Après redressement en fonction de la maltraitance jugée fondée, de l’âge de la mère, de l’état matrimonial, du revenu familial, de la consommation de drogues dures et d’antécédents de démêlés avec la justice, les chercheurs ont établi que les jeunes autochtones et indigènes du détroit de Torres étaient environ 2,48 fois plus susceptibles d’avoir des antécédents judiciaires que les autres jeunes.
Cette étude s’appuie sur des données longitudinales : c’est là son principal atout. Néanmoins, les auteurs reconnaissent la présence possible d’un effet de cohorte confusionnel. Parmi les éventuels points faibles, notons le recours à un questionnaire d’autoévaluation pour la collecte de données auprès des femmes enceintes.