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Maltraitance infantile : Facteurs de risque structurels et sociaux associés au quartier

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Résumé

Des études réalisées précédemment ont fait ressortir l’influence de divers facteurs collectifs – à la fois structurels et sociaux – sur les taux de maltraitance et de négligence infantiles. Les trois études dont il est question dans le présent article apportent des précisions à ce sujet. Les données sur lesquelles reposent les deux premières études ont été recueillies auprès de mères participant à des programmes de suppléments nutritionnels offerts en 2014 dans le comté de Franklin, en Ohio. Quant aux données de la troisième étude, elles proviennent d’un sondage téléphonique réalisé au sein de la population générale de 50 villes de Californie.

Variables sociales associées au quartier (Étude 1, N = 1 045) :

Un diagramme détaillé des coefficients de direction montre les résultats d’une analyse complexe, à plusieurs variables, des facteurs prédictifs de négligence. Le stress parental, représenté comme le plus important facteur prédictif de négligence, est corrélé négativement de façon significative (p < 0,05) à deux variables sociales étroitement liées entre elles : la cohésion sociale et le soutien social au sein du quartier.

Lien entre pauvreté de la famille et du quartier (Étude 2, N = 946) :

Tant la pauvreté de la famille que celle du quartier ont été associées à des taux plus élevés de maltraitance. Les taux élevés ont été observés au sein des familles les plus défavorisées, indépendamment du degré de pauvreté du quartier. Toutefois, dans le cas des familles plus aisées, la pauvreté du quartier a joué un rôle déterminant; des taux de maltraitance plus faibles ont été signalés dans les quartiers plus aisés, peut-être parce que ces familles avaient accès à de meilleures ressources dans leur collectivité.

Pauvreté et soutien social (Étude 3, N = 2 996) :

Les auteurs ont observé que les facteurs sociaux exerçaient un effet protecteur pour les familles dont le revenu était plus élevé, mais pas pour les familles plus démunies. Un haut niveau de pauvreté au sein du quartier était particulièrement préjudiciable aux familles défavorisées. Fait intéressant, cette étude proposait certaines stratégies susceptibles d’aider les quartiers à réduire la maltraitance. Selon les auteurs, « des interventions à l’échelle même du quartier pourraient se révéler un excellent moyen de prévenir la maltraitance » – soit en « luttant contre les facteurs de stress touchant les quartiers très défavorisés », soit en « multipliant les ressources et les solutions économiques pour les familles les plus démunies ».

Notes méthodologiques

Les auteurs ont eu recours à plusieurs méthodes statistiques complexes : la modélisation par équation structurelle afin d’analyser l’incidence des facteurs sociaux sur la négligence, et des modèles de régression logistique à plusieurs niveaux afin d’examiner l’incidence de diverses combinaisons de niveaux de pauvreté de la famille et du quartier sur les comportements de maltraitance. Dans la troisième étude, les auteurs ont élaboré des modèles distincts pour les répondants à faible revenu ou à revenu élevé, et ont eu recours à des modèles de régression logistique hiérarchique à trois niveaux, où les cas étaient nichés entre les secteurs de recensement et les villes.

Cette étude reposait sur deux sources de données. Les données pour les études 1 et 2 provenaient de questionnaires papier-crayon adaptés d’outils standardisés, remplis en 10 minutes par des mères à faible revenu dans des salles d’attente de cliniques de nutrition. Les données pour l’étude 3 provenaient d’un sondage téléphonique réalisé auprès de la population générale de 50 villes de Californie, « choisies à dessein afin d’obtenir la meilleure représentation possible des contextes géographique et écologique ». La similitude entre les résultats de l’étude 2 et ceux de l’étude 3, malgré les différences au chapitre de la méthodologie, plaide en faveur de la validité de ces travaux.