Peu d’études publiées se concentrent particulièrement sur l’examen des pratiques en matière de protection de l’enfance au sein des communautés amérindiennes/autochtones de l’Alaska (CAAA). Le but de la présente étude était de combler cette lacune en effectuant des recherches afin de comprendre la façon dont les programmes tribaux d’aide à l’enfance (PTAE) intègrent la culture tribale dans la pratique. Les PTAE se déroulent dans les CAAA et sont structurés de la même façon que les organismes de protection de l’enfance de l’État. En ce qui a trait à la pratique et à la prestation de services, leur mandat est d’accorder la priorité à la sécurité et au bien-être des enfants plutôt qu’à toutes les autres préoccupations.
Les auteurs de la présente étude ont utilisé une approche méthodologique qualitative fondée sur la métasynthèse pour répondre aux questions de recherche suivantes : (1) Y a-t-il des éléments de la pratique tribale en matière de protection de l’enfance qui présentent des particularités culturelles distinctes et des différences par rapport à la pratique en contexte non tribal? (2) Comment la culture et le contexte tribaux s’expriment-ils dans la pratique tribale des services de protection de l’enfance? Compte tenu de l’absence de recherches publiées, l’échantillon comprenait seulement trois études menées entre 2010 et 2013, mais incluait des données provenant de plus de 75 PTAE. Dans ces études, les données ont été recueillies auprès d’intervenants de programmes gérés par les tribus et auprès d’intervenants de programmes administrés par le Bureau des affaires indiennes. Les auteurs ont analysé les données en utilisant l’approche métaethnographique de la synthèse qualitative de Noblit et Hare (2008) ainsi que l’approche qualitative interprétative fondée sur la métasynthèse d’Aquirre et Bolton (2014).
Quatre thèmes ont émergé et décrivent des éléments de la pratique dans les PTAE qui sont différents de la pratique de la protection de l’enfance dans les milieux non tribaux. L’approche tribale de la pratique intègre : (1) les valeurs culturelles (par exemple, « Être au service de son peuple »); (2) la définition culturelle du bien-être de l’enfant indien (par exemple, « Être élevé et protégé par la famille, le réseau familial et la communauté); (3) les intentions inhérentes à la pratique tribale en matière de protection de l’enfance (par exemple, « Préserver la culture tribale en renforçant les connaissances culturelles des enfants et la participation à la culture); (4) des mécanismes pratiques pour intégrer la culture (par exemple, « L’utilisation du moi culturel » et le recours à un « intervenant appartenant à la communauté »). Ces thèmes ont servi de base à l’établissement d’un cadre concernant la pratique tribale en matière de protection de l’enfance.
Bien que cette métasynthèse qualitative apporte une contribution importante à un domaine de recherche peu étudié, certaines limites méritent d’être soulignées, comme l’absence de généralisabilité. Les auteurs notent que les résultats de cette étude ne peuvent être généralisés, non seulement en raison de la petite taille de l’échantillon et de l’approche qualitative, mais aussi à cause de la diversité entre les nations tribales et des différences relatives à la capacité des PTAE de fournir des services. Ceci est particulièrement digne de mention parce que l’étude est axée sur les expressions de la culture qui varient considérablement au sein des centaines de CAAA.