Jankowski, M. K., Schifferdecker, K. E., Butcher, R. L., Foster-Johnson, L., & Barnett, E. R. (2018). Effectiveness of a trauma-informed care initiative in a state child welfare system: A randomized study. Child Maltreatment, 1-12.
Cette étude fait partie d’une plus vaste intervention visant à utiliser les soins tenant compte des traumatismes pour améliorer le bien-être socioaffectif et le fonctionnement développemental d’enfants et de familles qui reçoivent des services de la Division for Children, Youth and Families [direction de l’enfance, de la jeunesse et des familles] (DCYF) du New Hampshire. L’intervention comprenait la mise en place d’un nouvel outil Web de dépistage en santé mentale, qui permet d’évaluer l’exposition aux traumatismes chez les enfants et les intervenants du système de protection de l’enfance. Le personnel a assisté à trois ateliers mensuels (sept heures au total) sur les principes de base des soins tenant compte des traumatismes, ainsi que sur leur application dans le système de protection de l’enfance et de justice des mineurs. Des services de consultation ont également été offerts dans chaque bureau de district, à raison d’une demi-journée à une journée par semaine pendant trois mois après la fin de la formation. L’étude a servi à évaluer la mesure dans laquelle l’intervention avait changé les attitudes, les compétences, les perceptions et les comportements du personnel de la DCYF en matière de soins tenant compte des traumatismes.
L’étude a donc évalué les effets de l’intervention sur 372 membres du personnel de la DCYF; les 10 bureaux de districts ont été jumelés en cinq paires en fonction de leur taille, de leur emplacement géographique et de la diversité des cas. Chaque paire a ensuite été associée aléatoirement à un groupe d’intervention précoce (cohorte 1) ou d’intervention tardive (cohorte 2), puis les différences entre les deux groupes ont été étudiées à différents moments. Un sondage axé sur les soins tenant compte des traumatismes a été réalisé avant l’intervention (moment 1), et à deux autres reprises entre septembre et octobre 2015 (moment 2), puis entre septembre et octobre 2016 (moment 3). Le sondage mesurait six variables : le dépistage des traumatismes, la planification du cas, la participation de la famille, le suivi des progrès, la collaboration et l’efficacité du système. La cohorte 1 a reçu l’intervention de novembre 2014 à juin 2015, et la cohorte 2, de novembre 2016 à juin 2017.
Les effets de l’intervention sur chacune des six variables ont été déterminés à l’aide de modèles linéaires mixtes comportant deux facteurs fixes : la cohorte (intervention précoce ou tardive) et le moment (trois moments du sondage), et l’interaction entre ces facteurs a été analysée. Les résultats montrent des différences significatives pour trois des six issues : la planification du cas, le dépistage des traumatismes et l’efficacité du système. Au moment 3, la cohorte 2 avait amélioré son dépistage des traumatismes, planifiait mieux les cas et avait une meilleure perception de l’efficacité du système, tandis que la cohorte 1 était restée stable.
Bien qu’on ne sache pas pourquoi la cohorte 1 ne s’est pas améliorée après l’intervention, on pense que le personnel de la cohorte 2 était particulièrement réceptif à une approche de soins tenant compte des traumatismes ainsi qu’au soutien supplémentaire offert par le projet –, et ce, malgré la crise des opioïdes sévissant au New Hampshire et le nombre croissant d’enfants pris en charge par le système de protection de l’enfance. L’étude a toutefois ses limites : elle utilisait des données autodéclarées et portait sur un petit échantillon, et certaines données étaient manquantes. De plus, comme la population du New Hampshire est majoritairement de race caucasienne blanche et est assez homogène, il pourrait être difficile de généraliser les résultats.