Lee, E., et al. (2018). Reducing maltreatment recurrence through home visitation: A promising intervention for child welfare involved families. Child Abuse and Neglect, 86: 55-66.
Le Maternal, Infant and Early Childhood Home Visiting Program [Programme de visite à domicile pour les mères, les nouveau-nés et les jeunes enfants] (MIECHV) des États-Unis a une incidence positive éprouvée sur les issues de grossesse, le développement de l’enfant, la santé et le développement maternels ainsi que les pratiques parentales. Healthy Family America (HFA) est un modèle du MIECHV qui cible les familles à risque des collectivités où l’on observe des taux élevés de grossesse chez les adolescentes, de poids insuffisant à la naissance, de mortalité infantile, d’accouchement couvert par Medicaid et de soins prénataux tardifs ou absents. Cette étude cherche à déterminer si Healthy Families New York (HFNY), un programme de visite à domicile certifié HFA et fondé sur des données probantes, réduit efficacement la récurrence de signalements de maltraitance corroborés chez les mères ayant affaire aux services de protection de l’enfance.
Les données ont été recueillies de mars 2000 à août 2001 au moyen d’un essai clinique randomisé sur un groupe de mères (n = 104 : 52 dans le groupe témoin, et 52 dans le groupe d’intervention) qui avaient fait l’objet au moins une fois d’un signalement corroboré aux services de protection de l’enfance avant de participer à HFNY, et qui ont passé des entrevues de référence et de suivi (aux 1er, 2e et 7e anniversaires de l’enfant). Ce sous-groupe a été formé à partir d’un bassin de 1 254 mères enceintes ou ayant récemment accouché dont un enfant ou plus avait été mentionné dans un rapport des services de protection de l’enfance dans les cinq ans précédant le début de l’étude.
Les résultats du modèle linéaire généralisé montrent qu’après sept ans, les occurrences de maltraitance signalées à la protection de l’enfance étaient systématiquement moins nombreuses dans le groupe participant au programme HFNY que dans le groupe témoin. Le taux de détection précoce de la maltraitance envers les enfants était deux fois plus élevé dans le groupe d’intervention, ce qui semble indiquer que le programme améliore la vie des enfants et des mères en diminuant le risque de maltraitance à long terme ainsi que le recours aux services de protection de l’enfance et en favorisant le développement maternel par une réduction de la taille des familles et un espacement des naissances. L’étude recommande d’étendre les programmes de visite à domicile à d’autres groupes, comme les mères multipares et les parents aux prises avec la protection de l’enfance, afin de réduire le taux de récidive. Elle propose également de lier les programmes de visite à domicile aux services sociaux pour établir les relations solides avec les familles au moment où les parents sont vulnérables et où il est possible d’influencer le développement de leurs enfants.
Les entrevues de référence ont été effectuées au domicile des mères participantes par des chercheurs indépendants qui ne savaient pas s’ils avaient affaire au groupe témoin ou d’intervention. Parallèlement, d’autres chercheurs ont utilisé les bases de données administratives du Statewide Central Register of Child Abuse and Maltreatment, du Child Care Review System et du Welfare Management System de l’état de New York pour identifier les répondantes et leurs enfants suivis.
Pour estimer les taux cumulatifs et annuels d’issues dichotomiques, les chercheurs ont utilisé des modèles linéaires généralisés avec distribution binomiale et fonction logit. Des analyses post hoc ont ensuite servi à étudier les facteurs qui expliquent l’association entre l’intervention de HFNY et la réduction des signalements aux services de protection de l’enfance. Dans cette analyse, les chercheurs ont employé comme médiateurs plusieurs mesures, notamment les attitudes et les comportements parentaux, l’établissement de limites et les naissances subséquentes. Finalement, les chercheurs ont souligné que la petite taille de l’échantillon (n = 104) ainsi que la concentration géographique (limitée à l’état de New York) constituait une limite de l’étude.